Le monde du cinéma est inquiet. "Nous sommes viscéralement attachés à France Télévisions, mais le manque de lisibilité de votre projet nous inquiète", ont écrit plusieurs cinéastes la semaine dernière dans une tribune dans "Libération" adressée à Delphine Ernotte, la présidente du groupe audiovisuel du service public, pointant du doigt les séries qui prennent de plus en plus de place à l'antenne.
"Nous ne comprenons pas quelle politique de cinéma vous souhaitez mener. Nous ne comprenons pas comment vous voulez éditorialiser le cinéma sur vos antennes. L'absence totale de référence au cinéma dans votre discours nous laisse dans une grande incompréhension. Quel rôle voulez-vous faire jouer aux films dans votre mission de service public ?", se sont questionnés Ken Loach ("Looking for Eric"), Michel Hazanavicius ("The Artist"), Olivier Nakache ("Intouchables"), Emmanuelle Bercot ("Polisse") et Eric Toledano ("Nos jours heureux"), entres autres.
Dans un courrier que l'AFP s'est procuré, la patronne de France Télévisions s'efforce de rassurer les réalisateurs, précisant que "le service public a pour mission d'exposer le cinéma" et de le "rendre accessible au plus grand nombre sur tous les écrans". "Chères réalisatrices, chers réalisateurs, votre lettre m'a touchée. (...) Je partage avec vous les mêmes ambitions pour le financement et l'exposition du cinéma français", explique-t-elle, ajoutant que le groupe public est le "premier partenaire et financeur en clair de la création cinématographique".
"Disposée à travailler dans les meilleurs délais" avec les cinéastes, Delphine Ernotte assure avoir "à coeur" de défendre les oeuvres françaises et "de développer le rayonnement des réalisations" cinématographiques. Depuis sa prise de fonction, la présidente de l'audiovisuel public s'est engagée à développer à l'exportation la création audiovisuelle française, déjà financée à 50% par France Télévisions. De plus, un projet de service de vidéo à la demande est en réflexion au sein du groupe public.