L'homme d'Eglise agacé. Hier soir, sur France 2, "Complément d'enquête", présenté par Tristan Waleckx, s'est penché sur les indemnisations des victimes d'abus sexuels au sein de l'Eglise catholique. Le magazine a dressé un bilan de la promesse de la Conférence des évêques de France d'engager "un chemin de justice restauratrice et de réparation" pour les victimes.
Un fonds de dotation a bien été créé pour réunir les sommes nécessaires pour indemniser les personnes concernées, mais les représentants de l'église ont fait savoir que tous ne pouvaient pas être indemnisés. Mais "Complément d'enquête" révèle l'Eglise dispose d'un patrimoine immobilier et financier colossal qui s'élèverait à plusieurs milliards d'euros.
En fin d'émission, dans les célèbres fauteuils rouges, Tristan Waleckx a reçu Ambroise Laurent, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France. Mais celui-ci s'est agacé des questions posées par le présentateur. En effet, le journaliste a pointé à plusieurs reprises l'écart entre la somme du budget alloué pour les victimes et le "pactole" que détient l'Eglise. "Ce qui compte pour nous, c'est de représenter l'indépendance des instances qui ont établi un certain processus et qui sont dans un dialogue important, long et détaillé. Pour nous, ce sont des personnes qui sont reçues", a d'abord déclaré l'invité.
"Ce qui compte aussi, c'est de ne pas trop fragiliser les finances de l'Eglise", a lancé Tristan Waleckx. "Absolument pas ! Le sujet n'est pas là ! Le sujet est : quelle attention portons-nous aux victimes ? Ce n'est pas de se battre sur des estimations ou des chiffres", a répliqué Ambroise Laurent. "Ca compte apparemment pour les victimes. En tout cas, quand on les interroge, elles nous disent : 'Je veux que mon préjudice soit reconnu'", a répondu le journaliste.
L'homme fort de l'investigation de France 2 a ensuite irrité son interlocuteur quand il a rappelé qu'un plafond de 60.000 euros d'indemnisation avait été mis en place par les deux institutions concernées. "Les deux commissions sont indépendantes ! Je ne vais pas commencer à dire...", a lancé le membre de la Conférences des évêques de France. "Vous pourriez avoir un avis à titre personnel", a souligné Tristan Waleckx.
"Il y a un fonds de garantie des victimes qui chaque année indemnise 3.000 personnes dans le cadre de la procédure judiciaire pour des faits de violences sexuelles commises quand elles étaient mineures. En moyenne, ces personnes reçoivent chaque année 10.000 euros. Nous sommes bien au-delà des sommes...", a poursuivi l'invité. Et d'être coupé par le présentateur : "Et bien en dessous que d'autres pays comme les Pays-Bas, l'Australie, les Etats-Unis...".
Tristan Waleckx a demandé à plusieurs reprises si Ambroise Laurent considérait ce plafond de 60.000 euros comme "correct". "Je n'en dis rien ! Ce sont les décisions de l'instance que nous, nous exécutons. Mais je ne me prononcerai pas là-dessus ! Ce n'est pas un débat théorique ! C'est un débat avec chaque personne victime. Avez-vous rencontré des personnes victimes ?", a balancé l'invité, hérissé. Et d'enchaîner : "Moi, j'en ai rencontré ! Je ne suis plus du tout dans la joute verbale ! Là, vous êtes dans la joute verbale !". "Pas du tout !", a riposté le journaliste. Et de montrer un témoignage d'une victime, dont le préjudice, chiffré par une avocate, s'élève à plus de 700.000 euros. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Hier soir, ce numéro de "Complément d'enquête" a été suivi sur France 2 par 761.000 téléspectateurs selon Médiamétrie. La part de marché s'est élevée à 8,2% des personnes âgées de quatre ans et plus.