Feu vert. Le président du directoire du groupe M6, Nicolas de Tavernost, a personnellement donné son autorisation à la diffusion du dernier numéro du magazine "Zone interdite", a-t-il indiqué ce vendredi au Sénat. Très commentée, l'enquête, diffusée dimanche 23 janvier, était consacrée au "danger de l'islam radical". Elle a notamment abouti à la fermeture d'un restaurant de Roubaix sur ordre de la préfecture du Nord.
Interrogé par la commission d'enquête sur la concentration des médias sur le droit de regard qu'il s'accordait sur le contenu des programmes d'information du groupe M6, Nicolas de Tavernost a défendu sa définition de l'ingérence. "Il n'y a pas une intervention - et je le dis sous serment - que j'ai faite de manière politique en 35 ans", a-t-il assuré dans un premier temps. Avant de développer : "Pour faire mon métier, je suis obligé de juger d'un certain nombre de critères. Je vais vous donner un exemple extrêmement précis : nous avons fait une émission 'Zone interdite' dimanche dernier, qui a eu pas mal de répercussions, sur l'islam radical. (Avec Thomas Valentin, directeur des programmes de M6), nous avons discuté de cette émission. Si vous appelez cela de l'ingérence M. Assouline (nom du rapporteur de la commission d'enquête, ndlr), j'ai été ingérent sur cette émission", a-t-il assumé.
Et Nicolas de Tavernost de préciser : "J'ai demandé si nous avions les garanties, si c'était une émission extrémiste entre guillemets, j'ai demandé si la présentatrice (Ophélie Meunier, ndlr) qui est menacée, était protégée, j'ai demandé si les témoins qui parlaient étaient bien floutés etc... J'ai fait le métier que j'estime devoir faire sur une émission dont in fine la décision m'est revenue. Je revendique d'avoir autorisé cette émission. Mais parce qu'on me l'a demandé. On aurait pu prendre la décision contraire. J'estime que c'est mon devoir de responsabilité : si vous appelez cela de l'ingérence, moi j'appelle cela l'exercice de mon métier", a-t-il martelé.
L'homme fort de M6 a été sommé, quelques instants plus tard, d'éclaircir une phrase prononcée dans "Le nouvel économiste". "Je considère avoir un droit d'ingérence professionnel. Étant responsable de tout, j'ai le droit d'intervenir sur tout", expliquait-il. Jusqu'à mettre son holà quand des enquêtes journalistes pouvaient porter atteinte à l'image des annonceurs du groupe, ont interrogé les sénateurs ?
Défendant "la liberté complète" d'informer des journalistes de M6 et de RTL, Nicolas de Tavernost a garanti qu'il pourrait "donner beaucoup d'exemples de reportages qui sont très défavorables à nos clients". Simplement, "il y a des cas qui me sont présentés sur lesquels je tranche. Par exemple, lorsque vous faites un reportage sur la comparaison entre M6 mobile et Free, je pense que personne n'imaginera que ceci est objectif", a-t-il développé en référence à un reportage sur les forfaits bloqués qu'il n'avait pas validé.
Autre exemple éloigné du champ économique qui avait déjà été révélé par la presse : "Je me suis opposé un jour à ce que Jean-Pierre Pernaut soit invité sur RTL, j'ai considéré que jusqu'à présent, Xavier de Moulins n'avait pas été invité à TF1. Dans un souci d'équilibre, je ne vois pas l'utilité d'inviter Jean-Pierre Pernaut sur RTL. Si c'est cela, mon droit d'ingérence qui peut m'être reproché, je l'assume", a-t-il conclu.