Leur ring de box était jusqu'à présent le réseau social Twitter. Il s'est déplacé, mercredi soir, sur le plateau du "Grand Journal" de Canal+. Edwy Plenel, patron de Mediapart, était l'invité de Michel Denisot pour réagir à l'ouverture d'une enquête préliminaire dans le cadre de l'affaire Cahuzac. Et face à Jean-Michel Aphatie, avec qui il s'écharpe régulièrement sur Twitter à ce sujet, le ton est vite monté.
L'objet du clash, les preuves, "absentes" selon le journaliste de RTL de l'enquête à charge réalisée par Mediapart contre le ministre du Budget sur l'ouverture d'un compte illicite en Suisse dans la banque UBS. "C'est une preuve, toute simple, que Mediapart avait fait une enquête sérieuse avec des faits, des lieux, des dates, des noms puisque la justice ne déclenche pas une enquête pour blanchiment de fraude fiscale sans qu'il y ait des éléments sur la table", a-t-il introduit. Les éléments, "les preuves", Michel Denisot et Jean-Michel Aphatie les réclament. "Avez-vous la preuve" ? insiste Denisot. "La preuve, ce n'est pas un mot de journaliste, c'est un mot judiciaire, c'est un mot de procureur", rétorque Plenel. Qui met en avant ses "sources, recoupements, dates, lieux, témoins et pièces". Dont le fameux enregistrement, dont l'authenticité est contestée par Aphatie et certains de ses confrères.
Face à l'insistance d'Aphatie, Plenel s'agace. "Je sais que vous avez une obsession sur Mediapart et cette affaire (...) Tout est sous vos yeux ! Monsieur Aphatie, vous ne savez plus ce qu'est le journalisme d'enquête", lâche-t-il. "Faut pas exagérer, vous n'avez pas le monopole du journalisme d'enquête", fustige Denisot. "Tous les éléments sont sur la table, vous allez voir que cette enquête est précise et rigoureuse. Le journalisme d'investigation, c'est dire ce qu'il y a dans les dossiers judiciaires. Avec Jean-Michel Aphatie qui a un avis sur tout, il n'y a pas d'affaire Ben Barka, il n'y a pas d'affaire Takieddine... (...) Vous avez une enquête sous les yeux, il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir", conclut Plenel.
Un peu plus tôt dans la journée, dans une interview au Point , Jean-Michel Aphatie détaillait ses interrogations. "Quelles sont leurs preuves ? Je ne défends pas Jerôme Cahuzac, ce n'est pas le sujet. Je m'interroge sur cette pratique du journalisme. Mediapart affirme que Cahuzac a transféré son compte à Singapour. Et on est donc obligés de les croire ?", expliquait-il.