"C'est un procès qu'il nous fait mais nous allons le retourner", avait déclaré à l'AFP en février dernier Edwy Plenel, le directeur de publication de "Mediapart" au premier jour du procès qui comparaissait à la barre du tribunal correctionnel de Paris, aux côtés d'un journaliste de France Inter, de six femmes - dont l'ancienne porte-parole écologiste Sandrine Rousseau - et de deux hommes témoins qui accusaient l'ex-député Denis Baupin d'agression sexuelle ou de harcèlement sexuel. Des faits qui remonteraient à la fin des années 90.
A la suite des reportages diffusés en 2016 par le média en ligne et la station publique relayant les témoignages des victimes présumées, l'homme politique avait choisi de porter plainte pour diffamation. Edwy Plenel défendait au contraire une enquête "minutieuse" et "exemplaire".
L'histoire a finalement donné raison à ce dernier puisque, comme le rapporte l'AFP, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, qui plaidait la relaxe, en déboutant Denis Baupin de toutes ses demandes et en le condamnant à verser 500 euros à chacun des prévenus qui en ont fait la demande pour "abus de constitution de partie civile".
Celui qui se présente aujourd'hui comme un "expert en politiques publiques de transition écologique" n'était pas présent au procès, se faisant représenter par son avocat, Me Emmanuel Pierrat, qui demandait 50.000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice subi. Son conseil déplorait le manque de prudence des médias mis en cause, qui avaient selon lui fait fi de la présomption d'innocence, Denis Baupin reconnaissant seulement des "jeux de séduction entre adultes". La procureure, regrettant l'absence de l'intéressé, avait salué le courage des femmes venues témoigner à la barre.
Cinq jours durant, ce procès en diffamation aura donc eu pour vertu de permettre aux victimes présumées, comparaissant ici en tant que prévenues, de pouvoir officiellement témoigner des agissements de leur ancien collègue. L'affaire avait en effet été classée sans suite en mars 2017 car prescrite, même si certains faits étaient "susceptibles d'être qualifiés pénalement". "On ne fait pas le procès de M. Baupin. On ne peut pas non plus tordre l'enquête pour dire qu'il est innocent", avait d'ailleurs souligné la procureure de la République au cours du procès. Me Emmanuel Pierrat a d'ores et déjà indiqué son intention de faire appel de la condamnation pour procédure abusive.