Le patron de Vivendi ne compte pas en rester là. Selon Le Canard Enchaîné à paraître demain, Vincent Bolloré réclame au CSA la bagatelle de 13 millions d'euros. Cette somme correspondrait selon lui au manque à gagner pour C8 en juin dernier, quand "Touche pas à mon poste" a été privée d'écrans publicitaires pendant trois semaines. C'est le gendarme du PAF qui avait prononcé cette sanction, après la diffusion de deux séquences litigieuses, l'une avec Matthieu Delormeau, l'autre avec Capucine Anav. Une sanction immédiatement jugée "disproportionnée" et "discriminatoire" par la direction de la chaîne, qui avait annoncé réfléchir à des "mesures juridiques appropriées".
Selon nos informations, le CSA a deux mois pour répondre à cette demande de C8. Sans réponse ou suite favorable, la chaîne devrait ensuite introduire logiquement un recours indemnitaire devant le Conseil d'Etat pour obtenir le remboursement du préjudice qu'elle estime avoir subi. S'il venait à aboutir, ce n'est pas le CSA qui payerait dans les faits la facture faute de trésorerie suffisante, mais une cagnotte dédiée aux autorités administratives en cas de condamnation. Toujours selon nos informations, le groupe Canal+ a aussi déposé deux recours en annulation le 3 juillet contre les deux sanctions décidées par le CSA. Ils sont actuellement à l'instruction au Conseil d'Etat.
Ces requêtes interviennent alors que le CSA s'apprête à prononcer une possible autre sanction, cette fois-ci relative à la séquence jugée homophobe diffusée fin mai dans l'émission "Radio Baba". C'est ce canular qui avait déclenché une vaste polémique médiatique et même politique. Le 19 juillet prochain, le Conseil devrait auditionner à ce sujet les patrons de la chaîne ainsi que le rapporteur indépendant ayant instruit l'affaire, avant de prendre une décision dans les quelques jours qui suivent. "C'est une tentative d'intimidation, un gros coup de pression sur le CSA avant qu'il ne se prononce sur ce dossier", commente un proche du dossier.
La main d'Olivier Schrameck, président du CSA, n'avait pas tremblé pour la première condamnation, en interdisant à C8 de diffuser des spots publicitaires dans TPMP, ainsi que "15 minutes avant et 15 minutes après sa diffusion". A l'époque, le manque à gagner avait été estimé à 3 millions d'euros, avant d'être très rapidement et largement réévalué par Cyril Hanouna et la chaîne dans leur communication. Un montant "gonflé" selon certains observateurs en prévision de ce recours de Vincent Bolloré. Le préjudice "réel" est ainsi estimé à 2,3 millions d'euros. Le bras de fer entre l'autorité administrative et Vivendi ne fait que commencer.
JB/BM