Après de multiples polémiques, c'est l'heure de la première addition pour Cyril Hanouna , "Touche pas à mon poste" et C8. Ce soir, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a statué sur deux séquences pour lesquelles une procédure de sanction avait été ouverte contre la chaîne à la fin de l'année 2016.
Diffusée en prime dans "La grande rassrah" le 3 novembre dernier, la première séquence litigieuse concernait une caméra cachée dont Matthieu Delormeau était la victime. La deuxième avait été diffusée dans "Touche pas à mon poste" le 7 décembre dernier et impliquait Capucine Anav. Le récent canular homophobe n'était pour sa part pas débattu aujourd'hui et fera l'objet d'une décision ultérieure.
Régulièrement moqué pour la lenteur d'une procédure dont il est largement prisonnier, le CSA a décidé de frapper vite. Il a ainsi prononcé sa sanction dans la foulée immédiate de ses auditions d'aujourd'hui.
Le CSA a aussi décidé de frapper fort et au porte-monnaie afin de restaurer une autorité allègrement bafouée par Cyril Hanouna depuis plusieurs mois. Les Sages de l'audiovisuel ont ainsi condamné C8 à ne pas pouvoir diffuser de séquences publicitaires dans "Touche pas à mon poste", ainsi que "15 minutes avant et 15 minutes après sa diffusion". Le CSA précise que "cette sanction s'applique aux émissions en direct comme à leurs rediffusions pour une durée totale de trois semaines au cours du mois de juin".
Pour la séquence avec Matthieu Delormeau, le CSA a estimé que C8 avait gravement méconnu son "obligation de faire preuve de retenue dans la diffusion d'images susceptibles d'humilier les personnes." Il a ainsi condamné TPMP à une semaine sans pub sur ce fondement. Pour la deuxième séquence avec Capucine Anav, les Sages de l'audiovisuel ont jugé que l'émission de Cyril Hanouna avait méconnu son obligation de "lutter contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes et les violences faites aux femmes". Sur ce fondement, il l'a condamnée à deux semaines supplémentaires sans spot.
Cette décision du CSA devrait entraîner un énorme manque à gagner pour C8 dont "Touche pas à mon poste" est la poule aux oeufs d'or. Selon des estimations du Figaro, l'émission de Cyril Hanouna représenterait près de la moitié des recettes publicitaires de la chaîne chaque année, soit environ 80 millions d'euros net. Chaque jour, "Touche pas à mon poste" générerait ainsi 130.00 euros net. La sanction du CSA pourrait donc déstabiliser l'ensemble de la structure financière de la chaîne du groupe Canal+. C8 peut maintenant interjeter appel devant la justice administrative, ce qu'elle ne devrait pas manquer de faire.
Lors d'une journée marathon, le CSA avait entendu ce matin l'ensemble des parties. Il avait ainsi commencé par auditionner à huis clos le rapporteur indépendant qui a instruit le dossier. Régis Fraisse avait alors exposé devant les membres du CSA ses conclusions dans les deux affaires, en présence des représentants de C8.
Selon nos informations, le conseiller d'Etat n'avait préconisé aucune sanction pour la première séquence avec Matthieu Delormeau, qu'il a cependant jugée "regrettable". Pour la deuxième impliquant Capucine Anav, il avait recommandé une amende de 50.000 euros, devant abonder le budget du centre national du cinéma (CNC). La sanction du CSA va donc bien au-delà de ses préconisations.
Plus tard dans la matinée, les cadres de C8 avaient à leur tour été auditionnés par le régulateur de l'audiovisuel pour défendre leur cause. Étaient notamment présents Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal+, Gérald-Brice Viret, patron des programmes et des antennes du groupe, mais aussi Franck Appietto, directeur général de C8.
Ils étaient notamment accompagnés par Pascaline Gineste, chargée des affaires réglementaires du groupe Canal, et par Emmanuel Glaser, leur redouté conseil. A l'issue de cet échange, les membres du CSA avaient ensuite délibéré à huis clos à partir du début de l'après-midi, avant de prononcer leur sanction en début de soirée.
Malgré les deux décisions d'aujourd'hui, le CSA n'en a pas pour autant fini avec les "affaires Hanouna". Une troisième procédure de sanction est ainsi toujours pendante après le canular homophobe diffusé en mai dernier sur l'antenne de C8. Transmis par le CSA le 23 mai, ce dossier est encore sur la table du rapporteur indépendant qui a en principe deux mois pour rendre ses conclusions.