La goutte d'eau qui fait déborder le vase. Selon nos confrères du Figaro, le CSA vient d'engager une nouvelle procédure de sanction à l'encontre de C8. Dans son viseur ? La dérive sexiste de "Touche pas à mon poste", et notamment de son animateur, accusé de véhiculer une image dégradante de la femme, suite au tollé provoqué par la diffusion d'une séquence enregistrée de "TPMP" dans laquelle Cyril Hanouna posait ostensiblement la main de Capucine Anav, chroniqueuse de l'émission, sur son sexe à travers son pantalon alors que celle-ci avait les yeux fermés.
Surtout, ce geste déplacé, interprété par certains comme une agression sexuelle, survenait moins de quelques semaines après que C8 a écopé d'une mise en demeure suite à la diffusion d'une séquence similaire, impliquant un autre chroniqueur de l'émission. À l'époque, c'est le geste de Jean-Michel Maire, qui avait embrassé la poitrine d'une jeune femme contre son gré, qui s'était attiré les foudres du CSA, alors saisi par de nombreux citoyens indignés (près de 2.700 signalements pour cette affaire, ndlr) dont la ministre du droit des femmes, Laurence Rossignol, qui dénonçait une... "agression sexuelle".
Avec la survenue d'une nouvelle affaire du même accabit, le gendarme de l'audiovisuel estime qu'il s'agit d'une récidive, aggravée par la non-prise en compte de l'avertissement adressé en novembre dernier. Cette récidive, reposant sur des fondements juridiques similaires, permet de facto aux Sages de l'audiovisuel de saisir le rapporteur indépendant du Conseil d'État. Comme vous l'expliquait puremedias.com en novembre dernier - suite à l'ouverture d'une première procédure de sanction pour manquement à l'obligation de "respect de la personne humaine" (affaire de la caméra cachée avec Matthieu Delormeau) -, en vertu du principe de séparation des fonctions de poursuite et de jugement, le CSA ne peut pas légalement instruire les "affaires Hanouna" et dans le même temps, les juger.
Comme pour la première saisine, à l'issue de la procédure, le rapporteur indépendant proposera ou non une sanction aux Sages de l'audiovisuel, qui seront libres de suivre - ou pas - son avis. L'éventail de sanctions est large, allant d'une amende réduite ou importante (dans la limite de 3% du chiffre d'affaires) jusqu'à une suspension du programme, voire un retrait de l'autorisation à émettre de la chaîne, un cas de figure qui demeure très peu probable. Autre possibilité évoquée : l'apposition d'un logo interdit aux moins de douze ans.
Si cette dernière option est choisie, "Touche pas à mon poste" serait de facto contraint à être diffusé en deuxième partie de soirée. Une telle mesure aurait de quoi profondément ébranler la chaîne alors que l'émission constitue une de ses plus puissantes sources de revenus publicitaires.
Interrogée par LeFigaro.fr, Sylvie Pierre-Brossolette, membre du CSA, s'est réjouie de cette "saisine inédite du rapporteur indépendant sur le droit des femmes". Selon elle, cette saisine est "le signe que la loi sur l'égalité homme-femme, (...) qui donne le pouvoir au CSA de sanctionner les chaînes, est utile et appliquée", ce qui constitue selon elle "un rempart contre les dérives sexistes à la télévision". La direction de Canal+, elle, a simplement indiqué "prendre acte" de la décision du CSA. Elle devrait être fixée sur le sort de "Touche pas à mon poste" d'ici plusieurs semaines voire plusieurs mois.