Cinq toutes petites lignes... "Le Figaro" a fait le service minimum pour évoquer l'actualité de son propriétaire, Serge Dassault, aujourd'hui à la Une de Libération. Le quotidien de Laurent Joffrin, en association avec France Inter, a révélé plusieurs procès-verbaux de Gérard Limat, comptable suisse et ami de l'ex-maire de Corbeil-Essonnes, entendu en garde à vue les 6 et 7 octobre par les policiers de l'office anticorruption (OCLCIFF) de Nanterre.
A l'issu de ses auditions, Gérard Limat a été mis en examen pour "complicité de financement illégal de campagnes électorales et d'achat de votes" et "blanchiment" par les juges d'instruction en charge de l'enquête sur la corruption électorale présumée à Corbeil. Sur ces procès-verbaux, le comptable suisse a reconnu avoir remis au moins 53 millions d'euros en liquide à Serge Dassault entre les années 1995 et 2012. Des remises d'argent effectuées via un circuit financier complexe passant par le Liechtenstein et la Suisse, détaillé par Libé.
Largement reprises sur les sites d'information comme Le Monde ou à la radio ce matin, ces révélations ont été évoquées a minima par "Le Figaro". Pas une seule ligne dans l'édition du jour. Sur le web, le nom de l'avionneur n'apparaît pas sur la page d'accueil, il faut aller dans le fil de dépêches "Flash Actu" pour trouver une trace de l'information. Le Figaro a ainsi traité les révélations de ses confrères via un filet de cinq lignes laconiques intitulé sobrement : "Presse : audition d'un comptable de Serge Dassault".
Ce n'est pas la première fois que "Le Figaro" brille par sa discrétion lorsqu'il s'agit d'évoquer les déboires judiciaires de son propriétaire. En juillet 2013, le journal s'était ainsi déjà contenté d'une brève pour annoncer le rejet, par le Sénat, de la levée d'immunité de Serges Dassault. En septembre 2013, après la publication par "Mediapart" d'un enregistrement compromettant pour son propriétaire, "Le Figaro" avait finalement évoqué l'information le lendemain dans un article intitulé "Les avocats de Serge Dassault dénoncent 'l'enregistrement pirate' diffusé par 'Mediapart'", retranscrivant un communiqué des conseils du sénateur.