Alain Weill ne digère toujours pas la décision du CSA de faire passer LCI sur la TNT gratuite. Interrogé aujourd'hui par Le Monde, le patron de NextRadioTV, propriétaire de BFMTV, a de nouveau dénoncé une décision "très injuste" qui ne fera que "renforcer la position des acteurs historiques au détriment des nouveaux entrants".
Sur le fond, Alain Weill regrette ainsi que le CSA n'ait pas davantage pris en considération l'arrivée d'une chaîne d'information du service public, en plus de LCI. Il estime aussi que le rapprochement en cours entre Orange et Bouygues Telecom prouve qu'il y a "une solution dans le payant pour LCI". "L'opérateur pourrait distribuer la chaîne du groupe Bouygues. Donc, il n'y a aucun risque d'interruption de la chaîne", fait valoir Alain Weill.
Quant au nouveau projet éditorial de LCI, moins axé sur le tout info, il estime qu'il s'agit d'"un leurre" et même d'une "supercherie". "Ce sont les événements qui imposent le traitement, à chaud, comme on le voit aujourd'hui avec la couverture en direct des événements au commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris, y compris sur LCI", souligne Alain Weill.
Selon le patron de BFMTV, toute cette affaire est avant tout politique. "BFMTV dérange le pouvoir, quel qu'il soit. Car BFMTV comme iTELE sont des chaînes indépendantes, qui parfois appuient là où ça fait mal. Certains ne sont pas habitués", estime-t-il dans son entretien. Alain Weill voit aussi dans cette décision une "reprise en main de l'information à la télévision" par des responsables politiques voulant "diluer l'influence des chaînes d'information". "C'est grave, il y a un vrai enjeu démocratique", estime Alain Weill, soulignant que l'élection présidentielle approche à grands pas.
Alors qu'il a déposé un recours devant le Conseil d'Etat contre la décision du CSA, l'homme d'affaires confirme qu'il sera contraint d'"adapter les charges de BFMTV au nouvel équilibre à trois ou quatre chaînes d'info". "C'est trop tôt pour préciser un nombre de postes mais devant le CSA, nous avions parlé du risque d'avoir à faire 10 millions d'euros d'économies", précise-t-il.