Les fans de "Koh-Lanta" sont gâtés : cette année, TF1 leur propose pour la première fois deux éditions du jeu d'aventure produit par Adventure Line Production portées par des anonymes. Une première depuis le lancement de l'émission en 2001. Denis Brogniart rempile évidemment aux commandes du programme, tandis qu'un travail conséquent a été fait sur l'habillage et qu'une "île au trésor" vient partiellement rebattre les cartes d'une émission qui fête cette année sa 20e saison. A cette occasion, puremedias.com s'est entretenu avec la nouvelle patronne d'ALP, Alexia Laroche-Joubert.
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Propos recueillis par Charles Decant.
Vous êtes arrivée à quel moment sur cette nouvelle saison de "Koh-Lanta" ?
J'étais à la dernière réunion de validation du cast, juste avant le départ de l'équipe.
Quelle influence avez-vous eu sur cette nouvelle saison, du coup ? La première chose qu'on remarque, évidemment, c'est le nouvel habillage...
J'ai travaillé avec l'équipe là-dessus. J'y ai rajouté quelques éléments qu'il fallait préserver, comme les flammes, et j'ai travaillé sur la post-production.
La grosse nouveauté de la saison, c'est l'île au trésor, après l'île au collier la saison dernière. Pendant 24 heures, un candidat est isolé sur une île, mais il n'y a pas de changement fondamental de ce qui fait "Koh-Lanta". Est-ce que vous ne devenez pas prisonnier des fondamentaux du programme ?
Pour avoir piloté des émissions qui se pilotent avec énormément de doigté, il ne faut jamais dévier de ses fondamentaux. Je comprends que ça génère chez vous une frustration. Mais le public retrouve ce programme comme une madeleine de Proust. Il faut lui donner ce qu'il aime et rajouter des petits éléments avec parcimonie. Si vous commencez à perturber des mécaniques, ou à bouleverser de façon trop importante ce qu'il aime dans le programme, vous risquez de provoquer une rupture sentimentale entre le téléspectateur et son programme.
Mais la question se pose, non ?
Evidemment. On en a parlé avec les équipes. Il ne faut pas croire qu'on reste à ce niveau d'audience sans travail de renouvellement, mais plus par petites touches. Mais évidemment, on est dans cette réflexion pour la saison suivante, évidemment on se demande comment préserver les fondamentaux en faisant bouger les lignes, parce que c'est ça qui m'intéresse. Mais quand on pilote un paquebot, il faut se rappeler que les icebergs ne sont jamais loin. Après, je pense qu'on peut beaucoup plus s'amuser sur des éditions all-stars, parce que les candidats ont déjà vécu leur aventure, dans la pureté d'une édition traditionnelle, et là on peut vraiment rentrer dans des éléments de mécanique, de twists qui perturbent le participant, parce qu'il a déjà vécu ça.
Qu'est-ce qui est nouveau, alors, dans cette édition ?
Ce qui n'existait pas avant, c'est ce fil rouge. Avant, il y avait l'île aux colliers, vous trouviez le collier et hop, c'était fini. Ce qui est intéressant, c'est de savoir si le candidat qui revient de cette île va dire aux autres ce qu'il a trouvé ou non. Il se passe plusieurs choses au sein de l'équipe, qui elle accepte d'envoyer en finale et quelles alliances elle est prête à faire. Ca va tendre toute la saison. Ce n'est pas pour rien qu'on a décidé de nommer ce "Koh-Lanta" du nom de cette épreuve. C'est une réflexion qu'on amorce. J'aime bien les éléments de mécanique, et j'aime bien les perturber. Mais ici, on y va avec humilité. Et ce sont toutes mes étapes de carrière qui m'ont donné la maturité suffisante pour arriver à ce poste-là et cette vision-là.
Mais vous avez quand même la chance que "Koh-Lanta" soit un format mondial, basé sur "Survivor". Du coup, il y a de l'expérimentation partout, notamment aux Etats-Unis. L'expérimentation est faite pour vous, même si ce n'est pas exactement la même émission...
... Et ce ne sont pas les mêmes participants ! C'est une donnée essentielle. Là-bas, ils sont énormément sur la stratégie. La stratégie et la trahison sont des valeurs positives dans le jeu, là-bas. Parce que le jeu en vaut la chandelle. En France, et ça, je ne juge pas, mais il s'avère que tous les gens qui veulent participer ne sont pas forcément dans ces valeurs-là. Et le téléspectateur n'apprécie les stratèges que quand, comme Pascal par exemple, ils sont très loyaux. Il y a quand même des valeurs qui sont probablement des valeurs historiques françaises, qui sont dans "Koh-Lanta". Donc vous ne pourriez pas produire l'émission ici comme aux Etats-Unis.
Est-ce que l'enjeu n'est pas justement trop petit. 100.000 euros, c'est énormément d'argent, mais si le gain était d'un million, comme aux Etats-Unis, est-ce que vous n'auriez pas d'autres candidats ?
C'est intéressant... !
Les Américains ont fait de la stratégie une vertu parce qu'il y a ce gain au bout...
Oui, enfin aux Etats-Unis, tout le monde gagne un million dans n'importe quel jeu... Mais c'est intéressant, je n'avais jamais pensé à revoir la dotation. Après, 100.000 euros, il ne faut pas dénigrer ! Mais peut-être... Sincèrement, je n'en sais rien. Et est-ce que le public ne le vivrait pas comme une trahison ?