Pour son 19e numéro, #QHM, le "Quart d'heure médias" de puremedias.com, recevait ce mercredi Anne-Claire Coudray. La présentatrice des journaux du week-end de TF1 a été interrogée sur son actualité, sur la bonne santé des rendez-vous d'information aussi bien sur sa chaîne que sur sa principale concurrente, mais aussi sur le nouveau magazine d'info que la Une s'apprête à lancer, sur son joker Audrey Crespo-Mara ou encore sur les 30 ans de JT de Jean-Pierre Pernaut. Découvrez une sélection de ses réponses ci-dessous et l'intégralité de l'entretien en vidéo ci-dessus.
Sur ce qui lui plaît dans l'exercice du JT
J'avais choisi dès le début de ma carrière de travailler dans l'actu et pour un média de grande écoute. C'est ça qui me motive au quotidien, de raconter l'actualité jour après jour aux gens qui nous écoutent et au plus grand nombre. Ce qui me plaît, c'est de choisir mes mots, choisir la tonalité que je vais y mettre. Evidemment, on ne met pas sa personnalité en avant à chaque fois, c'est l'actu qui prime. Mais le fait de choisir de quoi on va parler par rapport à la veille ou au lendemain, comment on peut enrichir l'info, et le fait de se dire que c'est moi qui vais leur dire, droit dans les yeux, ce que je trouve important aujourd'hui, c'est un vrai bonheur.
"La longévité de Jean-Pierre Pernaut me fait rêver !"
Sur les 30 ans au JT de Jean-Pierre Pernaut
Ca me fait évidemment rêver mais je pense que ça ne m'arrivera pas ! Jean-Pierre est une exception à tous les niveaux. Ce qui est assez étonnant quand on travaille à ses côtés, c'est de voir qu'il n'est absolument pas blasé. Tous les matins, il arrive avec la même énergie, et ce qui est très rassurant, c'est de se dire qu'au bout de trente ans, l'actualité se régénère tellement qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer - en tout cas lui n'a pas eu le temps de s'ennuyer et il n'a pas l'intention de s'arrêter si j'ai bien compris !
Sur sa longévité à elle : cinq ans, dix ans... ?
J'aimerais bien rester quand même cinq ans, parce que c'est un métier qui demande un petit peu d'endurance. Quand vous prenez les commandes d'un journal comme ça, il faut du temps ! Là je commence, pour ma troisième année, à me sentir vraiment bien. La première année, c'est très compliqué, vous remplacez quelqu'un, il faut mettre un petit peu sa patte, apprivoiser le studio, trouver son rythme... Donc je commence à prendre du plaisir cette année. Du coup j'aimerais bien capitaliser un petit peu là-dessus ! Après, combien de temps on fait ce métier... J'ai eu une vie avant, j'aurai une vie après, ça ne me fait pas peur. C'est quelque chose qui est arrivé dans ma carrière de manière presque inattendue, ce n'est pas quelque chose que je voulais faire de manière viscérale depuis le début.
"Quand on est remplacée, personnellement, c'est toujours compliqué"
Sur ce qu'elle ressentira quand elle sera remplacée
Rationnellement, je pense que le vivrais bien, je vous dis ça aujourd'hui quand j'envisage la sortie. Mais personnellement, c'est toujours compliqué. Quand vous êtes présentateur, vous y mettez de votre personne : on vous juge sur votre physique, sur votre voix, est-ce que vous êtes agréable, clair, crédible, intelligent, etc ? Donc quand on vous dit au revoir, c'est toute votre personne qui est remise en question. Après, il faut accepter que les envies changent, que les modes changent, que les styles changent... Mais je pense que personnellement, c'est toujours un moment délicat à passer.
Sur ce que doit être un JT de TF1 en 2018
C'est un JT varié, qui ressemble à la vie des gens. C'est un JT qui les fait avancer, qui leur apprend des choses mais qui respecte aussi le fait que dans la vie, on ne peut pas toujours être grave, joyeux ou léger, on a un moment pour tout. Et dans un journal télévisé, il y a un moment pour tout : un moment pour l'actu chaude au début, un moment pour l'explication au coeur du journal, et de l'évasion, de la détente et de l'ouverture à la fin. Et c'est surtout un JT qui n'est pas marketé pour une cible précise. On aime surprendre les gens, leur apprendre des choses qui ne font pas partie de leur univers immédiat. On aime les ouvrir à des choses dont ils ne soupçonnent même pas l'existence.
Sur la possibilité qu'Audrey Crespo-Mara lui succède et sur ses propos sur le statut de joker
Je ne pense pas encore à ma succession ! Je crois qu'Audrey a raison quand elle dit qu'elle ne le fera pas forcément pendant dix ans. Moi-même, quand j'étais à sa place, c'était une question que je me posais, mais je n'étais pas arrivée au bout de l'exercice, loin de là ! On se demande combien de temps on peut être remplaçant sans s'investir pleinement. Après, là où je ne suis pas tout à fait d'accord, c'est que je ne pense pas que ça soit une course, simplement parce que c'est la chaîne qui décide, pas nous. Donc je ne le vis pas comme une compétition au sens premier du terme.
"Aller sur le terrain, c'est un cadeau de la vie !"
Sur la démission d'Astrid de Villaines de LCP
Je ne connais pas ce dossier, mais il y a deux logiques différentes : celle de la victime, qui ne se sent pas de rester, et celle de la direction, face à un cas de parole contre parole. Dans ces cas-là, qu'est-ce qu'on fait quand on n'a pas de preuve suffisante pour condamner quelqu'un qui n'est peut-être pas coupable ? Ce sont des situations qui sont très compliquées. Je trouve qu'elle est très courageuse de partir si elle sent qu'elle ne peut pas rester. Après, si ça se trouve, cette histoire n'est pas vraie ! C'est terrible, ces situations, et je n'arrive pas à avoir une opinion tranchée.
Sur la présomption d'innocence des personnalités publiques
A partir du moment où l'accusation, qu'elle soit vraie ou pas, vous empêche de faire votre travail correctement, la question se pose. Ce sont des questions à prendre au niveau du gouvernement pour un homme politique et du patron d'une entreprise pour un journaliste, par exemple. Mais c'est vrai qu'il faut toujours se demander si le message est audible. C'est au cas par cas, pour le coup.
Sur le terrain qui lui manque
Ca manque forcément ! Le terrain, c'est quelque chose de formidable. Vous êtes confrontée à des situations que vous ne connaîtriez absolument pas dans la vraie vie. Ca implique une gestion du stress, des rencontres incroyables... C'est un cadeau de la vie, je ne regretterai jamais d'avoir choisi ce métier ! Et si je suis ce que je suis aujourd'hui, c'est grâce à ça. Ca m'a enrichie, ça m'a éprouvée au sens large du terme en tant qu'être humain. Après, je suis arrivée à un moment de ma vie où je n'aurais pas été autant disponible - et je ne conçois pas le terrain sans cette disponibilité. Maintenant, j'ai une petite fille à la maison mais quand on est sur le terrain et qu'on part une semaine, on peut partir un mois, on ne sait jamais quand on rentre. Ce n'est pas facile à gérer. Donc c'est bien tombé ! Et je crois que j'avais besoin d'évoluer, d'avoir une vision plus globale de l'info. Mais le terrain m'accompagne tous les jours.
"Nicolas de Tavernost a un peu tort"
Sur la décision de Nicolas de Tavernost de désinviter Jean-Pierre Pernaut sur RTL
Ils se privent d'un invité incroyable ! Jean-Pierre a beaucoup de choses à raconter. Je crois que la rédaction de RTL n'a pas trop apprécié cette intervention. Et là où il a un peu tort, c'est que Jean-Pierre appartient un peu au patrimoine français. Quand quelqu'un atteint les 30 ans au journal télévisé, on n'est plus dans les intérêts de groupe. Donc je ne comprends pas sa décision.
Sur "Au tableau" sur C8
C'était surprenant, c'était formidable de voir les hommes politiques s'adapter aux enfants, et du coup d'avoir un discours beaucoup plus compréhensible, beaucoup moins "bullshit" sans doute, pour reprendre un terme à la mode. Cette émission, je l'ai trouvée brillante ! La possibilité pour ces enfants de poser des questions de façon beaucoup plus directe que nous, c'était très intéressant.