Nicolas de Tavernost est-il en train de créer une fâcheuse jurisprudence ? Vendredi dernier, "Le Parisien" révélait que le président du directoire du groupe M6, auquel RTL appartient désormais, était intervenu directement pour empêcher la venue de Jean-Pierre Pernaut, en tant qu'invité, dans la matinale de la station de la rue Bayard. Dans le cadre d'un vaste plan promotionnel, le présentateur vedette du "13 Heures" de TF1 devait évoquer face à Yves Calvi son trentenaire à la tête du JT de la mi-journée de la première chaîne.
Bousculée par cette intervention brutale en haut lieu à laquelle elle n'est pas habituée, la rédaction de RTL avait fait savoir qu'elle n'avait pas apprécié la manoeuvre, considérée comme une "intervention radicale dans le contenu éditorial". La méthode est d'ailleurs d'autant plus surprenante que Nicolas de Tavernost, face aux craintes notamment de la Société des journalistes de RTL, avait déminé le terrain en septembre dernier au moment de la fusion de RTL et M6 en assurant que "l'indépendance éditoriale des antennes" serait "maintenue".
Une promesse manifestement bafouée mais dont Nicolas de Tavernost semble faire peu de cas. Interrogé par nos confrères du "Figaro" à l'occasion de la publication des résultats financiers annuels du groupe M6 pour l'exercice 2017, Nicolas de Tavernost rappelle qu'il n'a "jamais demandé que le sujet des 30 ans du '13 Heures' de Pernaut ne soit pas traité". Mais le patron du directoire de M6 poursuit en expliquant qu'il trouve "normal de ne pas (faire de Pernaut) une star au moment ou 'Le 12.45' de M6 lui grappille des parts de marché".
"Je n'interviens pas dans la ligne éditoriale sauf quand les intérêts du groupe, dont je suis comptable, sont mis en cause" poursuit le dirigeant avant d'expliquer qu'il aurait "eu la même réaction si le JT de M6 avait invité Jean-Jacques Bourdin pour l'anniversaire de sa matinale". Des arguments pour le moins surprenants notamment au regard du fait que "Le 12.45" de M6, qui progresse effectivement sur la cible commerciale des FRDA-50 - nerf de la guerre absolu pour la Six -, réalise une audience globale anecdotique comparé au "13 Heures" de TF1, contre lequel il est diffusé frontalement durant une quinzaine de minutes.
La position de Nicolas de Tavernost apparaît d'autant plus étonnante que la plupart des incarnations de l'antenne de RTL, qui traite par ailleurs régulièrement de sujets "médias", sont des figures de chaînes concurrentes à M6. Invité de "Quotidien" hier soir et interrogé à ce sujet, Jean-Pierre Pernaut n'a en tout cas pas souhaité ajouter de l'huile sur le feu naissant allumé par Nicolas de Tavernost. "Il y a un problème interne à RTL, je ne m'en mêle pas" a simplement déclaré le journaliste de TF1, précisant que le patron du groupe M6 est "quelqu'un qu'(il) apprécie beaucoup par ailleurs".