Y aura-t-il un changement de numérotation des chaînes de la TNT pour créer un bloc thématique autour de l'information ? La question sera tranchée en décembre, "une fois que le processus" de conventionnement des 15 chaînes retenues pour l’attribution d’une fréquence en 2025 sera arrivé à son terme, avait indiqué le président de l'Arcom Roch-Olivier Maistre devant les sénateurs de la commission de la Culture qui l’auditionnaient mercredi 16 octobre.
Pour pouvoir arbitrer, le régulateur aura en tête "ce que dit la loi", à savoir la prise en compte de "l’intérêt du public". Celui-ci s’articule autour du "confort matériel du maniement de la télécommande", autrement dit l’organisation des programmes, et "les habitudes" du téléspectateur, avait expliqué Roch-Olivier Maistre en détaillant son hypothèse, rappelant que le public de la TNT est plutôt âgé. "Il ne s’agit pas de tout chambouler", avait-il assuré, comme le rapporte "Satellifacts".
La question avait été remise sur le tapis par Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1, lors de son audition pour le renouvellement de la fréquence TNT de LCI, actuellement diffusée sur le canal 26. Le directeur général adjoint à l'information du groupe TF1, Thierry Thuillier, avait de son côté plaidé pour la "création d'un bloc de chaînes info" qui "permettrait de recréer une forme d'équité des chances". "La numérotation très lointaine de LCI est un handicap", avait-il déploré.
Cette question est également au coeur des préoccupations des chaînes qui vont faire leur apparition sur la TNT après l'éviction de C8 et NRJ 12. Ouest-France TV par exemple, "n’acceptera pas" de figurer "au-delà du canal 23" soit la fréquence de RMC Story, a prévenu Fabrice Bazard, le directeur général du groupe Ouest-France. "On se battra pour avoir une numérotation adéquate", autrement dit avant le canal 19, laissé vacant après l’arrêt de France Ô en 2020.
Une voix s'est au contraire élevée depuis le départ contre ce projet de changement de numérotation des chaînes info : celle de Nicolas de Tavernost, PDG de RMC BFM. Celui qui assurait devant l'Arcom en juillet dernier que "le changement de la numérotation ne résoudra pas le problème de l’accessibilité", a de nouveau dénoncé le projet dans les colonnes des "Échos". "Changer la numérotation des chaînes au profit de nos collègues serait un véritable hold-up", a-t-il lancé.
"On changerait une fois de plus les règles en faveur de certains concurrents"Nicolas de Tavernost
"BFM a été la première à investir depuis 2005 dans le développement de cette offre. Personne n’a investi autant que BFM et n’emploie autant de journalistes. Depuis vingt ans, BFM est sur le terrain de l’information, et aujourd’hui, certains voudraient s’approprier une partie de son audience en se rapprochant d’elle. Penserait-on à laisser un magasin concurrent venir s’ouvrir sur le parking d’un supermarché pour qu’il profite de sa zone de chalandise ?", a poursuivi le vice-président de CMA Média. Nicolas de Tavernost a estimé que ce changement de numérotation "serait forcément significatif car la TNT reste un mode d’accès très important, surtout pour le public âgé qui regarde les chaînes d’information et qui zappe avec sa télécommande".
"On changerait une fois de plus les règles en faveur de certains concurrents", a regretté l'ancien patron de M6, glissant au passage un tacle aux anciens responsables (Marc-Olivier Fogiel et Hervé Béroud ont quitté BFM il y a quelques jours, ndlr) de la chaîne d'information en continu : "Et pour tout vous dire, je suis surpris que ce sujet de la numérotation pour BFM n’ait pas mobilisé la précédente direction avant mon arrivée, alors que l’impact pourrait être conséquent".