BFMTV rectifie l'une de ses publications. La chaîne info du groupe CMA CGM a apporté, un peu avant 20h30 ce jeudi 14 novembre 2024, un "rectificatif" à une vidéo postée sur X six jours plus tôt, au lendemain d'une nuit de violences à Amsterdam, après le match de Ligue Europa opposant l'Ajax au Maccabi Tel-Aviv.
Cette vidéo, publiée sur les réseaux sociaux de BFMTV et qui reflète exactement les éléments cités le matin à l'antenne, explique que "ce jeudi 7 novembre à Amsterdam, des supporters du Maccabi Tel-Aviv ont été agressés après avoir assisté à un match de Ligue Europa contre l'Ajax". Débute ensuite le récit de la nuit : "Il est question d'affrontements entre des 'jeunes et des supporters du Maccabi Tel-Aviv mais aussi de heurts avec les forces de l'ordre. Des images apparaissent sur les réseaux sociaux après minuit. Elles montrent des supporters du club israélien violemment poursuivis et frappés dans les rues de la ville".
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Après avoir diffusé les images des agressions, le témoignage d'un "fan" du club israélien accrédite les faits précités dans la vidéo. Celui-ci dit avoir "vu des gens être frappés, rentrer dans des hôtels et s'enfermer. Des gens ont été jetés dans l'eau (...) C'était comme dans les années 40", compare-t-il. La presse israélienne, relayait Adeline François, matinalière de BFMTV, le 8 novembre, "parlait d'embuscades planifiées et même de tentatives d'enlèvements".
Sauf que, a reconnu hier BFMTV dans un "rectificatif", "contrairement à ce qui est dit dans cette vidéo (distribuée par Reuters, ndlr), ce sont bien des supporters du Maccabi Tel-Aviv que l'on voit sur les images pourchasser des personnes vêtues de noir, et non l'inverse, comme l'a expliqué la photographe à l'origine des images". Cette scène décrite ici est l'équivalent de quelques secondes dans la vidéo que BFMTV n'a pas supprimée. Mise en cause, la photographe, sans davantage de précisions, a jugé la réponse de la chaîne info "trop facile" sur X.
Si BFMTV avait précisé dans la vidéo que "des supporters du Maccabi Tel-Aviv avaient arraché un drapeau palestinien d'une façade et scandé des chants provocateurs, insultants et haineux en lien avec la guerre à Gaza dès la veille du match", jamais l'hypothèse, selon laquelle les supporters israéliens seraient à l'origine de ces violences, n'avait été évoquée. Rappelons que cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a eu aucun fait de violence contre les Israéliens ce soir-là.
Contactée par Puremédias, le canal 15 a indiqué avoir arrêté de diffuser et amender ce sujet vidéo à l'antenne dès l'émission qui a suivi sa première diffusion le 8 novembre. Il a entre temps été proposé aux téléspectateurs à trois reprises. "Par erreur", c'est la première version du sujet, la mauvaise donc, qui a été reprise sur les réseaux sociaux de la chaîne. La rédaction s'en est aperçue hier et a publié ce "rectificatif" dans la foulée : "En tant qu'acteur majeur de l'information en France, BFMTV a un devoir de transparence vis-à-vis du grand public. Il est de la responsabilité de notre chaîne d'apporter un rectificatif lorsque des erreurs peuvent survenir malheureusement", explique la chaîne ce vendredi 15 novembre à Puremedias.
La distribution de cette vidéo par Reuters a trompé la vigilance de BFMTV, comme de nombreux médias en France et à l'étranger : Le "New York Times" a apporté des corrections à un article daté du 13 novembre 2024 (autre exemple ici avec France 24). Et donné lieu à des interprétations excessives et factuellement fausses : c'est ainsi, par exemple, que "20 minutes" a titré un de ses tweets "Un pogrom en plein coeur de l'Europe".
"Ce qui s'est passé cette nuit à Amsterdam c'est un pogrom, c'est-à-dire qu'on tue des gens, on attaque des gens parce que Juifs", a affirmé dans la même veine Pascal Praud dans "L'heure des pros" sur CNews, selon des propos compilés par "Arrêt sur images" dans un article du 11 novembre, intitulé "Violences à Amsterdam : 24 heures d’hystérie et de naufrage médiatique".
Mise à jour samedi 16 novembre 2024 à 10h30 : Après la parution de notre article, BFMTV a publié ce vendredi 15 novembre 2024 un article intitulé "Images de violences à Amsterdam : notre mise au point". "Dans la nuit de jeudi 7 à vendredi 8 novembre, des violences ont éclaté dans la capitale néerlandaise, après un match de Ligue Europa entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv. En relayant cette information, BFMTV a dans un premier temps mal interprété des images issues des réseaux sociaux, et s’en excuse auprès de son public", écrit la chaîne info.
Avant de revenir sur le déroulé : "Dans notre édition matinale du 8 novembre, sur BFMTV, ainsi que sur notre site et nos comptes sociaux, nous avons rendu compte de cette actualité, en interprétant mal les images de ces violences, où on pouvait voir des supporteurs du club israélien pourchasser des individus habillés en noir à Amsterdam (...) Nous avons travaillé avec des images issues des réseaux sociaux, et redistribuées par une agence de presse. Quand celle-ci publie sa note associée aux images, elle indique qu’il s’agissait 'd'affrontements devant la gare centrale d'Amsterdam, ce qui a été décrit comme une attaque contre des supporteurs de football israéliens'. Notre sujet a été diffusé trois fois sur notre antenne, entre 6h et 8h du matin du 8 novembre. Puis rediffusé sur nos supports numériques. Ces commentaires et la diffusion de ces images ne rapportaient pas correctement la situation dans les rues d'Amsterdam et nous regrettons que cela ait pu créer de la confusion."
BFMTV de préciser enfin : "Dans un sujet diffusé à partir de la mi-journée, nous avons en revanche expliqué, images à l'appui, que des supporters israéliens avait aussi fait preuve de graves provocations envers des habitants pro-Palestiniens. Sur notre site, nous avons également expliqué le 8 novembre, dans un article publié à 11h53, ce que l'on savait de ces incidents (avec ces mots) : 'À Amsterdam, jeudi 7 novembre, des supporters du Maccabi Tel-Aviv ont été agressés après avoir assisté à un match de Ligue Europa contre l'Ajax. Avant la rencontre, des incidents avaient déjà éclaté à la suite d'actes provocateurs des fans israéliens', écrivions nous à ce moment-là."