Le regain de violence dans la bande de Gaza alimente depuis le 5 août dernier le fil info des chaînes d'information en continu. Pour tenter de décrypter les causes des combats opposant Israël au Jihad islamique palestinien, qui ont déjà fait 44 morts et 360 blessés à Gaza, BFMTV a donné la parole, ce dimanche, à Alain Gresh. Quelques instants plus tôt, Israël, auteur d'une "attaque préventive" sur Gaza, avait accepté la trêve proposée par l'Egypte.
Le journaliste, passé par "Le monde diplomatique" et fondateur du journal en ligne "Orient XXI", expliquait en duplex que "l'escalade (de violences) a été déclenchée par Israël sans qu'Israël, au moment où elle mène ces opérations, n'ait subi aucune attaque", a-t-il observé. "C'est Israël qui est à l'initiative. Aujourd'hui (dimanche, ndlr), Israël a tué un certain nombre de responsables du Jihad islamique et une trentaine de civils en plus. C'est la quatrième ou cinquième guerre qu'Israël mène contre Gaza", a-t-il commenté en insistant sur le "paradoxe" selon lequel "Israël se plaint d'être l'agressé".
"On sait très bien que ce conflit n'aboutira nulle part", a-t-il poursuivi. "Il y a toujours une escalade, des morts essentiellement Palestiniens mais aussi Israéliens et à l'issue de cette guerre, on va avoir un communiqué de l'armée israélienne pour dire : 'Nous avons renforcé notre capacité de dissuasion, nous avons détruit les infrastructures terroristes'. Et on sait que cela va recommencer dans un an pour la simple raison que le peuple palestinien vit sous occupation à Gaza (territoire sous blocus, ndlr) comme en Cisjordanie et que cette situation ne peut déboucher que sur des violences et des affrontements", prédisait encore l'expert dans cet extrait mis en ligne puis retiré du site internet de BFMTV.
Ce dont le spécialiste s'est étonné sur Twitter. "Voici, retrouvé par un internaute que je remercie, mon entretien sur BFMTV de dimanche et qui a 'disparu' du site. Le plus étrange est que je dois repasser sur BFMTV ce lundi à 11h", a-t-il écrit ce lundi matin. Il a finalement de nouveau eu voix au chapitre sur l'antenne de BFMTV peu après 15h en raison de l'actualité.
La suppression de l'interview du site internet de BFMTV n'est pas restée sans réactions. Certains militants pro-palestiniens, comme Sihame Assbague, journaliste militante avec plus de 113.000 abonnés au compteur, ont interpellé directement la chaîne. "Pourquoi cette interview du journaliste Alain Gresh n'est plus disponible sur votre site ? Je la cherche et ne la trouve pas. Une piste ? Non car vous n'auriez pas censuré un propos qui dit, à juste titre, toute la responsabilité du régime colonial israélien ?", a-t-elle interrogé dans un tweet massivement relayé. D'autres tweets insinuent une ingérence de Patrick Drahi, actionnaire de BFMTV et à l'initiative en 2013 de l'arrivée de la chaîne israélienne i24 news en France.
Contacté par puremedias.com, BFMTV, par la voix de son directeur général, Marc-Olivier Fogiel, a d'abord nié toute volonté de censure. "Evidemment, il n'y a aucune censure. Plusieurs dizaines d'interviews sont réalisées chaque jour sur l'antenne de BFMTV. Toutes les opinions et toutes les parties au conflit sont présentes à l'antenne, en interview ou dans des sujets, ainsi que sur notre site", s'est-il défendu, citant l'intervention en plateau ou en duplex de "représentants ou de spécialistes de la société israélienne comme palestinienne, des représentants politiques israéliens comme des représentants du Jihad islamique" mais aussi "d'universitaires, de diplomates".
S'agissant de la suppression de l'interview sur le site internet de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel a expliqué à puremedias.com que "l'extrait était tronqué, pas entier" et que c'est "justement, pour éviter toute manipulation qu'il a été retiré". Et l'ancien anchorman de RTL de préciser, pour désamorcer la polémique, que "l'intégrale de la tranche sera évidemment disponible sur RMC BFM Play et donc accessible à qui veut".
Joint lui aussi par puremedias.com, Alain Gresh a fait savoir qu'il n'avait "pas eu davantage d'informations" sur les raisons qui ont poussé la chaîne à supprimer sa première interview de son site internet.