La chute fut rude et incroyablement soudaine. En 2007, lors de sa sixième saison, "American Idol" réunissait en moyenne 37,4 millions de téléspectateurs aux Etats-Unis. Un score phénoménal. Les années ont passé, les enregistreurs numériques ont fortement modifié les usages des Américains et l'usure a fait son oeuvre. Mais en 2011, ils étaient encore en moyenne 26,2 millions à suivre chaque semaine les prestations des apprentis chanteurs dans cette adaptation américaine du format "Nouvelle Star".
L'an dernier, la machine a commencé à dérailler. Sur un an, la chute a été rude, l'émission réunissant en moyenne 17,2 millions de fidèles, dontre 26,2 l'année précédente. Face à la nouvelle concurrence de "The Voice", et dans une moindre mesure de "The X Factor ", les producteurs de l'émission et la chaîne Fox ont donc voulu injecter du sang neuf dans le jury de l'émission pour cette douzième saison, qui a démarré en janvier dernier. Ils ont ainsi cassé leur tirelire, déboursé 18 millions de dollars pour s'offrir les services de Mariah Carey, entre 7 et 12 millions selon les rumeurs pour la rappeuse Nicki Minaj, et quelques millions de plus pour Keith Urban, star de la country.
Mais rien n'y fait. Plombée par les tensions entre les deux artistes féminines , l'émission a fait un retour décevant mi-janvier, avec moins de 18 millions de curieux au rendez-vous. Et au fil des semaines, les fidèles ont déserté. Ainsi, hier soir, ils n'étaient que 11 millions pour suivre les résultats des votes, après les prestations diffusées mercredi soir. 11 millions de fidèles, un score dérisoire, et parmi eux, à peine 3,6 millions sur les 18-49 ans, la cible fétiche des annonceurs américains.
Il s'agit tout simplement du pire score de l'histoire de l'émission sur cette cible primordiale. Hier soir, l'émission a même été devancée dans sa case sur cette cible par "Grey's Anatomy"... Depuis l'an dernier, déjà, "American Idol" bat régulièrement des records à la baisse mais jusqu'ici, le télé-crochet n'était jamais descendu sous les scores réalisés par sa toute première saison. A l'été 2002, la chaîne Fox avait en effet lancé sans trop de fanfare l'émission, baptisée "American Idol : The Search for a Superstar", et adaptée du format britannique "Pop Idol" qui n'avait encore fait ses preuves qu'au Royaume-Uni. La France allait suivre début 2003.
Cet été-là, "American Idol" avait commencé doucement, devant moins de 10 millions de curieux, mais tout de même 6,3 millions de 18-49 ans. Aujourd'hui, on est bien loin de ces scores et "American Idol" risque prochainement de passer sous la barre hautement symbolique des 10 millions de téléspectateurs. L'émission a également été largement battue par "The Voice", qui a signé son retour sur NBC cette semaine pour une quatrième saison. Il est difficile de comparer un lancement avec l'étape des lives que traverse actuellement "American Idol", mais à la fin de la saison, au moment de faire les calculs, il se pourrait bien que l'émission de NBC devienne le télé-crochet numéro un aux Etats-Unis, après onze ans de domination sans faille de l'ancien mastodonte "American Idol".