Interview
Bernard de la Villardière (10 ans d'"Enquête Exclusive") : "La prostitution, ce n'est pas la sexualité"
Publié le 10 avril 2016 à 12:38
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la soirée spéciale 10 ans d'"Enquête Exclusive", Bernard de la Villardière a répondu aux questions de puremedias.com.
Bernard de la Villardière Bernard de la Villardière© M6
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Pour les dix ans de l'émission, M6 propose ce soir une nuit spéciale "Enquête Exclusive", de 21h à 6h du matin, avec la rediffusion à partir de minuit de six numéros qui ont marqué les téléspectateurs. En lieu et place de "Capital" ou "Zone Interdite", la soirée va démarrer avec deux enquêtes inédites sur la thématique du terrorisme et de la riposte française de l'Armée, de la gendarmerie, de la police nationale et des services secrets français. De plus, à la suite des attentats de Bruxelles du 22 mars, les deux numéros ouvriront en fonction des avancées de l'enquête judiciaire.

A l'occasion de cet anniversaire, puremedias.com a rencontré Bernard de la Villardière, qui incarne le programme depuis 2006. Le journaliste qui s'est rendu dans plus de cinquante pays différents est revenu sur les clichés et l'évolution d'"Enquête Exclusive".

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

"La guerre, ce n'est pas un spectacle"

puremedias.com : En dix ans d'"Enquête Exclusive", comment arrive-t-on à se renouveler ?
Bernard de la Villardière :
C'est l'actualité qui nous aide à nous renouveler. Ce sont les propositions par les sociétés de production. C'est le monde qui avance, qui évolue, qui change. Après, il y a des sujets que l'on traite indéfiniment comme le terrorisme, la menace islamiste. Il y a un renouvellement qui est inspiré par le fait que le monde lui-même évolue.

Vous choisissez aussi ces sujets car ça marche auprès du public, non ?
C'est l'ADN du magazine. On s'appelle "Enquête Exclusive", on a choisi d'être dans ces champs qui sont le trafic d'armes, le trafic de drogue, l'investigation au long cours, le terrorisme, la guerre, l'Afghanistan. C'est le domaine d'intervention de l'émission et notre domaine de compétence aujourd'hui.

Parmi ces sujets, vous recherchez aussi l'aspect spectaculaire ?
Je ne sais pas ce que vous appelez "spectaculaire". La guerre, ce n'est pas un spectacle. Le trafic de drogue, ce n'est pas un spectacle. On est dans l'information dure.

Que répondez-vous aux personnes qui jugent votre émission de racoleuse ?
Je trouve ça complétement injustifié. Je pense que ça renvoie à des critiques que l'on faisait à l'émission, il y a des années. Qu'est-ce que vous appelez "émission racoleuse" ?

L'émission garde encore aujourd'hui l'image de certaines thématiques comme l'alcool, le sexe et la drogue...
Pour le coup, je ne comprends pas. Je ne le vois pas du tout comme ça. Je pense que c'est une petite revue de presse d'articles publiés un moment, par des journalistes de la presse média qui se recopient les uns les autres. Vous pensez à quoi quand vous me parlez de sexualité, à votre avis ?

Par exemple, les sujets sur la prostitution.
Pour moi, la prostitution ce n'est pas la sexualité. La prostitution, c'est du trafic, c'est de l'esclavage. Mais ce n'est pas de la sexualité. Si vous dites à une prostituée qu'elle fait l'amour, je pense que vous vous égarez. Et il se trouve que la prostitution, ça fait des années que l'on ne l'a pas traité. Regardez l'ensemble des enquêtes, on ne traite pas plus de la sexualité que des autres sujets.

"Ce que je fais depuis dix ans a été recopié partout"

Qu'est-ce que ça apporte à l'émission de se mettre en scène ?
Je présente cette émission comme ça. Contrairement à d'autres qui présentent une émission proprement en étant en studio, moi je vais sur le terrain. C'est ce que la chaîne me demande de faire. L'incarner, ce que je fais depuis dix ans, a été recopié partout, repris par beaucoup d'autres émissions, comme "Le Petit Journal", et y compris dans les 20 Heures où les journalistes sur le terrain sont maintenant à l'image.

Mais en terme de valeur informationnelle, vous voir à l'écran, qu'est-ce que ça ajoute pour le téléspectateur ?
Je crois surtout que ça permet davantage de proximité avec le téléspectateur. Sur un terrain de guerre, ça permet de mieux expliquer par exemple. J'interviens à la caméra, j'accompagne le téléspectateur. Ca donne une dimension plus éducative, plus pédagogique, de décryptage.

Ca ne vous gêne pas de voir votre style repris sur d'autres émissions ?
C'est très bien. Ca prouve qu'on était sur le bon chemin. Par ailleurs, je n'ai rien inventé. Ce que je fais, les émissions anglo-saxonnes le font depuis des années. Si vous regardez les chaînes internationales, le présentateur est très couramment à l'image.

"Dans un milieu dangereux, on voit vite les mecs bien et les salauds"

En mai, vous sortez un livre "L'Homme qui marche". De quoi allez-vous parler ?
De mes reportages, ceux qui m'ont le plus marqué, notamment au Proche-Orient. Il y aura aussi un flash-back de mes souvenirs de reporters. C'est un livre d'impression, de sensation, de découvertes.

Parmi ces enquêtes, quelles sont celles qui vous ont le plus marqué ?
L'Afghanistan, la Colombie et le Liban, qui sont des pays chers à mon coeur. Ils ont correspondu à des moments de ma vie importants, comme le Liban où j'ai vécu quand j'étais enfant. La Colombie, où j'ai été plusieurs fois, qui m'a marqué par sa beauté et dans lequel j'ai vécu des aventures extraordinaires. Puis l'Afghanistan est un pays qui ne laisse jamais indifférent. J'y étais à la fois avec une casquette d'humanitaire, une casquette de producteur-documentariste et une casquette de journaliste. Je l'ai fréquenté à travers plusieurs prismes, ça a été extrêmement fort. C'est un pays très beau, marqué par la guerre, mais avec des gens qui sont d'une beauté, d'une élégance, d'une énergie de vivre et d'une noblesse incroyables.

Pourquoi être attiré par des milieux dits dangereux ?
On se retrouve face à soi-même. Dans les univers un peu dangereux, on se découvre. C'est un peu comme un scanner sur la nature humaine, sur les gens qui sont en face de vous. On voit très vite les lâches et les courageux, les mecs bien et les salauds. Le danger est un révélateur.

"J'espère secrètement retrouver des protagonistes de mes reportages"

Ce n'est pas difficile de rencontrer de nombreuses personnes en zone de danger et ensuite revenir en France dans un pays en paix ?
Oui, c'est difficile. D'ailleurs, je dis souvent dans cette émission : "A bientôt". J'espère secrètement retrouver un jour où l'autre la personne que j'ai en face de moi et que je vais devoir quitter. C'est ce qui se passe d'ailleurs. Il y a des pays comme l'Afghanistan, la Colombie ou le Liban, où je suis revenu des années après, et j'ai pu retrouver certains protagonistes de mes reportages.

D'autres projets en préparation sur M6 ?
On a eu le documentaire sur Hitler. Et il y a d'autres projets que l'on communiquera en temps voulu. Pour l'instant, il y a ce prime d'"Enquête Exclusive" qui est évidemment un vrai challenge.

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