Exclusif puremedias.com Bibiane Godfroid, partie officiellement de M6, ne rejoint pas France Télévisions en septembre. Dans un entretien exclusif à puremedias.com, l'ex-directrice des programmes de la chaîne nous explique les raisons de son choix.
Propos recueillis par Julien Bellver.
On vient d'apprendre votre départ du groupe M6. Pourquoi ?
J'ai envie de découvrir de nouvelles choses, ce n'est pas la première fois dans ma carrière professionnelle que je change de groupe. J'ai changé tous les quatre ans, mon plus long parcours a été à M6, pendant huit ans, en tant que directrice générale des programmes. Avec la création de la TNT, c'était passionnant pour moi cette période. Mais j'ai besoin d'apprendre de nouvelles choses aujourd'hui. On a discuté il y a un an avec Nicolas de Tavernost de mon départ, il y a encore des univers que je n'ai pas explorés.
Vous ne serez pas à France Télévisions à la rentrée ?
Non. Contrairement à ce qui a été écrit, je ne serai pas à France Télévisions en septembre. C'est un challenge magnifique pour les nouvelles équipes mais cela ne sera pas avec moi. Je ne peux pas encore vous dire où je pars, c'est encore trop tôt.
Pourquoi pas France Télévisions ?
Ce qui m'a fait changer d'avis, c'est cette impression de refaire ce que j'avais déjà fait (elle a déjà été directrice de la programmation de France 2 de 1991 à 1995, ndlr). C'était une décision très difficile à prendre, sincèrement. Le contexte de la nomination de Delphine Ernotte ne m'a pas découragé, les Sages du CSA ont fait leur métier, elle a été élue par un système connu de tous.
Vous êtiez proche d'être numéro deux de France Télévisions ou patronne de France 2...
Ma nomination intervenait un peu tard dans le processus de tuilage et de formation des équipes. Je pense qu'on tirera les leçons de cette période, ce n'est pas bon pour les équipes actuelles et futures. Cela a pu être très désagréable pour l'actuel et le nouveau président. On écrit et on dit beaucoup de choses pendant cette période, regardez la manière dont on a parlé de ma possible arrivée ! C'est un super challenge mais je vais en prendre un autre, cette période de tuilage n'a pas simplifié ma décision.
Il paraît que vous voulez "remettre les mains dans le cambouis"...
Je suis une patronne qui travaille main dans la main avec les équipes, j'ai une grande proximité avec elles. J'ai fait plusieurs métiers de la télévision, mais je n'ai pas encore exploré certains secteurs qui sont pour moi l'avenir. Mais je n'ai pas encore pris de décision, à part celle de partir en vacances !
De quel format mis à l'antenne sur M6 êtes-vous la plus fière aujourd'hui ?
"L'amour est dans le pré", que j'ai amené en tant que produtrice, j'en suis très fière ! C'est Thomas Valentin qui l'avait commandé à l'époque. "Le dîner presque parfait" a permis à un nouveau genre d'émerger. Ces soaps de télévision-réalité proches des gens sont un genre que M6 a initié, copié depuis. J'ai participé aussi avec les équipes de la fiction à la mise à l'antenne de "Scènes de ménages", c'est 26 minutes de fiction par jour avec un ton qui rassemble ! Sous l'impulsion de Nicolas de Tavernost, on a aussi mis le premier présentateur de JT debout. Il y a incontestablement un ton M6, les dernières études montrent que la chaîne garde cette âme. Je pense avoir, avec les équipes, contribué à lui donner une identité forte. Tout ça a été possible avec des équipes et de bons patrons !
On a reproché à M6 de faire trop d'émissions de coaching. Le genre est mort ?
Je n'aime pas beaucoup ce mot mais les gens ont encore envie d'avoir ce genre de conseils. C'est moins à la télé aujourd'hui, c'est plus sur les blogs. Là aussi, M6 a été pionnière. Quand la chaîne a fait "Super Nanny" ou "D&Co", nous étions les premiers.
Internet, c'est l'avenir de la télévision ? Ou le petit écran aura toujours ce pouvoir de rassembler malgré tout ?
La télévision doit être regardée sur tous les supports, c'est évident, ce n'est même plus une question. Le gros challenge, c'est ce à quoi je vais m'atteler dans mon prochain job : continuer à trouver des programmes qui rassemblent. La situation à l'extérieur n'est pas très agréable, les gens ont envie d'être ensemble, en famille. On doit leur donner envie de regarder ensemble la télévision. C'est à nous, qui produisons la télévision, de faire en sorte de créer ces programmes-là.