C'est le film qui devait lancer en fanfare le festival de Cannes dès ce soir. "Grace de Monaco" avait tout pour remplir cette mission. Une star internationale dans le rôle principal, Nicole Kidman. Un réalisateur français à succès derrière la caméra, Olivier Dahan, déjà auteur de "La Môme". Mais aussi et surtout un parfum de scandale autour du film.
Avant même sa sortie, "Grace de Monaco" a en effet été très critiqué par la famille princière qui a tenu à prendre ses distances avec ce projet, "une page, réécrite et inutilement glamourisée (...) comportant d'importantes inexactitudes historiques et une série de scènes purement fictionnelles". A cela s'ajoutait un vif conflit entre Olivier Dahan et son distributeur américain, Harvey Weinstein. Le réalisateur français avait ainsi confié en octobre dernier les nombreuses difficultés rencontrées lors du montage du film, à cause de la volonté du puissant producteur d'avoir le finalcut.
Malgré (ou à cause de) ce tapage médiatique, "Grace de Monaco" a été très fraîchement accueilli par la presse ce matin avant sa présentation officielle ce soir au festival de Cannes. Le Parisien a ainsi évoqué aujourd'hui un "accueil glacial" et "des sifflets" lors de la projection presse. Une information confirmée par d'autres journalistes présents dans la salle.
Accueil glacial pour la 1ere projection de presse de Grace de Monaco à #Cannes2014.Quelques sifflets et surtout une indifférence généralisée
- Thierry Chèze (@Thierry_SCL) 14 Mai 2014
Comme on pouvait s'y attendre, les premières critiques publiées dans la presse ne sont pas tendres avec le film d'Olivier Dahan. Télérama tire à boulets rouges sur "Grace de Monaco", évoquant "un film très premier degré, à la limite de la niaiserie". Le magazine écrit que Nicole Kidman "réussit le tour de force, malgré (ou grâce à) son air de poupée peinte et mineure (on est au-delà du lifting, à ce stade c'est du face-art), à émouvoir".
L'hebdomadaire culturel de conclut, toujours aussi vache : "Dahan a voulu terminer en apothéose. Avec le discours final de la princesse en dame patronnesse au coeur gros comme ça (...) On a terriblement l'impression de revivre, impuissants, le discours de Sophie Marceau au Festival de Cannes 1999. Elle y parlait d'amour en fustigeant la guerre tandis que le téléspectateur horrifié se liquéfiait de honte sur son canapé". Première n'est pas beaucoup plus tendre. Qualifiant le film de "mauvais remake méditerranéen du Discours d'un roi", le magazine spécialisé estime pour sa part que Nicole Kidman "n'a clairement rien à faire dans ce petit navet aussi insignifiant que son sujet".
La presse internationale est encore plus sévère. "Les Shrek avaient déconstruit les conventions des contes de fées avec plus de profondeur et d'intelligence que cette triste parade d'effigies de cire de personnages célèbres dénués de vie. Le problème ici n'est pas le floutage éhonté entre faits et fiction, mais à quel point l'ensemble paraît insipide de façon impardonnable" tacle ainsi le "Hollywood Reporter". "Naomi Watts avait placé la barre haut avec le désastre sur Diana l'an passé. Mais Nicole Kidman l'a surpassée : ce film sur Grace Kelly (...) est une catastrophe à couper le souffle" surenchéri "The Guardian" tandis que "The Telegraph" parle d'un "mélodrame incroyablement idiot".
Au milieu de ces critiques acides, on en trouve cependant de plus favorables pour le long métrage d'Olivier Dahan. Ainsi L'Express évoque une Nicole Kidman "impeccable" et tient à "saluer la démarche" du réalisateur du film. De son côté, 20 minutes rend hommage à l'actrice principale du film jugée "impériale" et juge qu'"avec Grace de Monaco, Olivier Dahan remplit le cahier des charges qu'on fixe à ce genre de film". Le gratuit prévient cependant qu'"il est indispensable de se munir de son âme de midinette pour se passionner pour les épreuves qui peuvent sembler bien insignifiantes pour qui aurait souhaité un contenu moins superficiel".
Metronews met pour sa part en avant "une Nicole Kidman épatante, à la hauteur de l'icône qu'elle incarne" ainsi qu'un film présentant "une séduisante réflexion sur le métier d'actrice". Enfin Le Figaro émet un avis positif mesuré : "Cette superproduction ne vaut pas 'The Queen' de Stephen Frears. Elle reste honorable. On ne s'ennuie jamais. Les lecteurs de Paris Match et de Gala vont adorer".