
Depuis plusieurs jours, le marathonien Gilles Bouleau doit se plier à une nouvelle gymnastique. À la tête du journal télévisé de 20h de TF1 depuis treize ans, le présentateur voit son rendez-vous d'information évoluer. Il lance parfois désormais ses sujets d'actualité dans un décor immersif, dernière technologie de pointe utilisée par la Une pour proposer une expérience nouvelle à ses fidèles. "Ce n'est pas un fond vert. C'est un fond avec de vraies images très bien définies, auxquelles on ajoute par devant, par derrière, par divers moyens, d'autres technos qui donnent cette impression d'immersion et qui donnent donc la pédagogie à cette séquence", a développé sur France info le journaliste, pas encore tout à fait à l'aise avec l'implantation de ces trompe-l'oeil. Il a en effet connu des petits soucis d'adaptation au départ : "Mon texte ne peut pas faire plus de 20-21 secondes. Et moi j'avais fait du Rimbaud, j'étais parti sur 25-26 secondes et en fait le zoom avant de la machine s'arrête au bout de 20 secondes et à la fin du journal on me dit 'Gilles, c'était bien, mais t'as été beaucoup trop long. Donc la prochaine fois tu coupes'".
Mais cette prouesse technologique ne suffit pas à garder l'attention des téléspectateurs face à la multiplication des canaux d'information et à la montée en puissance du "hard news". La première chaîne ne cesse de renouveler le format de ses éditions, et cela passe notamment par l'intégration de reportages longs, ce qui réjouit Gilles Bouleau. "Le défi du journal, c’est qu’il faut que ce soit événementiel, il ne faut pas s’endormir", affirme-t-il. "À 20h, on fait autre chose. On prend du recul, on prend un peu de hauteur : voilà ce qui était important dans les 24 dernières heures et voilà ce qui va mûrir et se développer dans les heures à venir", développe le successeur de Laurence Ferrari aux commandes du JT le plus suivi de France. Il constate d'ailleurs avec satisfaction cette transformation progressive : "Ce n'est plus tout à fait le même journal qu'à mon arrivée".
Lui qui a passé dix ans à l'étranger comme correspondant à Londres puis Washington, goûte à la "renaissance en majesté du reportage". Car, selon lui, le retour aux formats plus approfondis représente "l'exigence de la clarté, l'exigence de parler à tout le monde". Il insiste sur ce principe de parler le plus explicitement à tous : "Pour nous, à 20h sur TF1, c'est se faire accepter de tous, avoir tous les invités politiques de toutes les couleurs politiques. Je ne sais pas si on est neutre, mais notre religion absolue, c'est les faits. Les faits sont là, ils sont intéressants, ils ne sont pas microcosmiques, ils ont quelque chose à dire. On en parle".

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La formule semble en tout cas fonctionner pour Gilles Bouleau puisque son journal ne cesse d'accentuer son avance au niveau des audiences par rapport à celui d'Anne-Sophie Lapix sur France 2. Le 19 mars dernier, il y avait plus d'1,6 million de téléspectateurs d'écart entre les deux rendez-vous, 5,12 millions (26,6%) regardant celui sur la Une contre 3,48 millions étant branchés devant celui de sa concurrente. Une ombre au tableau cependant : l'éviction de son rédacteur en chef, Guillaume Porteu, après les conclusions d'une "procédure interne". Ce dernier avait été mis à pied par sa hiérarchie à la suite d'un "incident survenu lors d’une soirée festive réunissant plusieurs de ses collègues, hors des locaux de TF1", au début du mois de février.