Radio
Censure sur France Inter ? Vanhoenacker, Vizorek et Meurice prennent la parole
Publié le 27 avril 2017 à 15:47
Par Charles Decant
Les trois humoristes ont tenu à répondre aux interrogations concernant la liberté d'expression sur la station publique.
T. VDB, G. Meurice, A. Manoukian, C. Vanhoenacker, C. Dupont-Monod, F. Fromet, A. Vizorek T. VDB, G. Meurice, A. Manoukian, C. Vanhoenacker, C. Dupont-Monod, F. Fromet, A. Vizorek© Radio France/Abramowitz
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Pierre-Emmanuel Barré a-t-il oui ou non été censuré par France Inter ? Hier soir, l'humoriste a mis en ligne sur Facebook sa chronique du jour, affirmant que cette dernière lui avait été refusée et annonçant qu'il claquait la porte de la station publique. Expliquant qu'il n'aimait "pas être censuré", Pierre-Emmanuel Barré a pointé du doigt Nagui, animateur et producteur de "La Bande originale", émission dans laquelle il intervient chaque mercredi. Selon lui, Nagui n'était "pas d'accord avec l'idée générale" de la chronique, dans laquelle il dézingue ceux qui s'en prennent aux potentiels abstentionnistes du 7 mai prochain.

Interrogé par "Le Parisien", Nagui a confirmé qu'il avait été gêné par la chronique, mais a aussi ajouté qu'il avait proposé à l'humoriste de faire sa chronique dans l'émission ce jeudi, avant que Pierre-Emmanuel Barré ne décide de la publier sur Facebook. Laurence Bloch, patronne de la station, a pour sa part réaffirmé la "liberté absolue" dont jouissent les humoristes de France Inter.

Pas de censure

Ce jeudi, trois humoristes de la station confirment les propos de leur patronne. Dans un long billet publié sur Facebook, Charline Vanhoenacker, Alex Vizorek et Guillaume Meurice prennent la parole pour répondre "à l'étonnement des auditeurs qui (leur) demandent si (leur) liberté d'expression sur France Inter est réellement absolue". Ils soulignent d'abord que le terme de "censure" ne doit "pas être manié avec autant de légèreté", et réaffirment leur attachement à la liberté d'expression.

Ils affirment ensuite que la chronique de leur confrère n'a pas été censurée. "Elle a d'abord été discutée (...) Dans l'heure où cette chronique a été refusée sous le coup d'une réaction épidermique d'un animateur-producteur (réaction que nous pouvons comprendre), la chaîne a rapidement offert au chroniqueur de la dire sur antenne, sans en changer un mot, nous nous en sommes assurés personnellement. Et si tel n'avait pas été le cas, nous l'aurions accueillie dans notre émission le jour-même", assurent les trois humoristes, avant de rappeler que sur France Inter, "on peut se payer la direction, les annonceurs, LE SYSTEME !, et même dire 'Rends l'argent François' face à François Fillon, sans aucun commentaire a posteriori de la direction". puremedias.com vous propose de découvrir leur post Facebook dans son intégralité ci-dessous.

" Si tu censures, j'annule tout "

Face à l'étonnement des auditeurs qui nous demandent si notre liberté d'expression sur France Inter est réellement absolue comme nous l'affirmons chaque jour, nous avons tenu à répondre, à titre personnel. Et afin d'évacuer tout soupçon sur trois ans de travail et de complicité avec vous.

La censure est un mot qui ne devrait pas être manié avec autant de légèreté que dans le cas qui nous préoccupe sur France Inter. Soupçonner la radio de service public de censure est une chose grave. Et au moment précis où le Front national est finaliste de l'élection présidentielle, c'est encore plus grave. Et quand un comique dit que c'est grave, c'est signe que le pays a le cul dans les ronces. Les humoristes ne plaisantent pas avec la censure. La preuve, ils claquent la porte.

La seule chose à laquelle nous acceptons d'être enchaînés, c'est la liberté d'expression. Par exemple, si la liberté d'expression était un radiateur, on s'y ferait menotter, et après on appellerait un pote pour le détacher du mur et se tirer avec. Pour être sûr de le protéger. Dès qu'il s'agit de liberté d'expression, le réflexe de solidarité nous pousserait même à aller voter au deuxième tour entre Kev Adams et Jean Roucas.

Nous relayons donc avec plaisir la chronique de Pierre-Emmanuel, peu importe qu'on cautionne ou non son propos. Et nous la relayons avec d'autant plus de plaisir qu'elle n'a pas été " censurée ". Elle a d'abord été discutée. Une belle occasion de créer le terme " la discuture " pour éviter de tomber immédiatement dans le champ lexical de la dictature. Au moins pour quelques jours, on est encore en République, bordel ! Mais dans l'heure où cette chronique a été refusée sous le coup d'une réaction épidermique d'un animateur-producteur (réaction que nous pouvons comprendre), la chaîne a rapidement offert au chroniqueur de la dire sur antenne, sans en changer un mot, nous nous en sommes assurés personnellement. Et si tel n'avait pas été le cas, nous l'aurions accueillie dans notre émission le jour-même.

Si nous nous exprimons sur France Inter, c'est parce que nous y sommes libres. Plus libres qu'ailleurs : on peut se payer la direction, les annonceurs, LE SYSTEME !, et même dire " Rends l'argent François " face à François Fillon, sans aucun commentaire a posteriori de la direction. On ne respecte rien, et elle nous y encourage, les seules limites étant la loi.

Jamais l'un de nos papiers n'a été relu avant d'aller à l'antenne (quand les circonstances sont légères, parfois nous-même on ne se relit pas). L'auditeur est la première personne à entendre toutes nos conneries. Alors notre conseil, que nous appliquons quotidiennement et jusqu'à deux fois par jour : si vous êtes tenté d'appeler " censure " une demande de modification de votre texte par un producteur, un directeur ou un emmerdeur, c'est très simple, faites comme nous et refusez d'emblée de soumettre votre texte pour lecture avant l'antenne. Et pour ça, inventons " la refusure " contre la censure.

Charline, Alex et Guillaume.

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