Elle s'est inclinée deux voix à neuf face à Marc, vendredi soir. Mais tout au long de cette édition 2015 de "Koh-Lanta", Chantal s'est illustrée aussi bien lors des épreuves que sur le camp, remportant quatre épreuves et fournissant de la nourriture à son équipe. Depuis la fin de l'émission, la candidate a connu de graves problèmes de santé et a failli être contrainte de se faire amputer un doigt, tandis que les tensions et les insultes d'anciens candidats ont terni le souvenir de son aventure. Pour puremedias.com, Chantal revient sur ses 40 jours de "Koh-Lanta", ses erreurs et ses regrets et son image de "vieille sorcière".
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Propos recueillis par Charles Decant.
Comment vous vous sentez, trois jours après la finale ?
Je me sens enfin libérée des tensions, parce qu'il y en a vraiment eu beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Je me sens vraiment bien. Je commence à apprécier beaucoup mieux mon aventure maintenant que c'est passé.
Vous vous attendiez à la victoire de Marc ?
Oui. J'ai eu huit mois pour faire le deuil de ma victoire. Je m'y attendais. Il faut dire qu'il y avait du lourd en face ! Une personne qui a amené à manger pendant les 40 jours de l'aventure, même si Bruno et moi avons aussi apporté énormément. Il y a eu une bonne collaboration. Marc a aussi allumé le feu et il a signé le record de "Koh-Lanta", il ne faut pas l'oublier. Au niveau des épreuves, il en a gagné quatre. Ce n'était pas possible pour moi de gagner, même si au niveau de la haine publique, on était équivalent ! (Rires) Il y avait du pour et du contre, ou on nous adorait, ou on dérangerait et on nous critiquait. Mais je suis fière car ce sont trois vieux comme ils disent qui sont arrivés en finale.
On vous a vue arriver avec un cathéter en plus de votre main bandée. Comment va votre santé ?
Ca va, ça va mieux. On m'enlève le cathéter dans l'après-midi. Et il y a des fixateurs qui rendent le bandage autour de mon doigt très gros, mais ça cicatrise. Après, il y aura les séances de rééducation, de kiné. Les antibiotiques, je continue à les prendre pendant un mois encore. D'ici fin août il ne devrait plus y avoir de problème !
Vous avez regardé les 14 épisodes de la saison ?
Non, juste les derniers. Au début, j'étais à Madagascar dans la cambrousse donc je ne pouvais pas les voir. Puis je suis rentrée et j'ai passé deux mois à l'hôpital donc je n'ai pas pu tout voir. J'en ai vu quatre ou cinq.
Ce sont ces quatre ou cinq épisodes qui vous ont donné l'impression d'être "une vieille sorcière" ?
Je suis tombée sur les épisodes où j'étais bien fatiguée, j'avais bien maigri, j'avais l'air bien énervée... Donc... Wow ! (Rires) Je me suis vue comme un zombie ! En ayant maigri comme ça, on a toujours l'air méchant parce qu'on a beaucoup de rides, on fronce les sourcils parce que le soleil est aveuglant... Même Claudia Schiffer là-bas aurait l'air méchante ! (Rires)
Lors d'un conseil où vous faisiez des reproches à Melissa, Jessica s'est tournée vers vous et vous a demandé avec qui vous vous étiez bien entendue...
Quand on était dans la première équipe, je m'entendais très bien avec Corinne, Cédric, on était très liés au début avec Jeff, Bruno, et aussi Benoît. D'ailleurs, quand on s'est revu on était très content de se donner des nouvelles. Avec Marie-Anne aussi. Je m'entendais bien avec Christophe, il a vécu la vie militaire, c'est ce qui nous rapprochait, on en parlait énormément. On a vécu une drôle d'aventure avec Christophe quand on est allé chercher le courrier. Ca ne nous a pas empêchés de nous prendre le chou, ni de dire qu'ils étaient fainéants, mais ils le reconnaissent ! Et puis Bruno et Marc, évidemment.
Et à l'inverse...
J'ai eu moins d'atomes crochus avec Charlaine et Nessim, sans doute à cause de l'âge. Avec Sébastien c'était tendu à cause de son appétit, qui était très agaçant. Au début, on s'entendait bien mais après c'est devenu compliqué. Melissa, on était tout le temps en conflit. Tout le temps. Jessica, j'aimais beaucoup, je trouve que c'est une personne très clean, très belle à l'intérieur comme à l'extérieur. Je me suis mal entendue avec peu de gens.
Quand on a faim, qu'on est fatigué, on a des réactions qu'on aimerait ne pas avoir eues... Vous vous en rendiez compte sur le moment, ou seulement a posteriori ?
La fatigue nous empêche de raisonner comme il faut. La privation de sommeil est la pire des tortures. Ca amène à avoir des réactions irréfléchies, spontanées. On oublie la diplomatie, on n'a ni l'envie ni le temps d'arrondir les angles donc on y va direct. Mais il n'y a pas eu que ça. En face, ça ne répondait pas. Plus on avançait et plus on était fatigué, et plus de l'autre côté, ils faisaient les poissons pilotes. Ils l'ont bien dit dans les interviews, leur objectif était de se reposer au maximum avant les épreuves pendant que nous on travaillait le jour et la nuit. Ce n'était pas normal. On parle de conflit de génération, mais ce n'est pas que ça. Il y a eu beaucoup d'égoïsme. On a au moins amené ça, le trio qui a travaillé collectivement et pour les autres. Ca a amplifié les tensions.
Au fil des jours, on est obligé de faire des choix, d'éliminer des gens, de faire des alliances... Avant de partir, vous vous étiez fixé une ligne de conduite à ce sujet ?
Non, je ne connaissais pas "Koh-Lanta", j'ai juste regardé les trois épisodes qu'on nous a donnés. Donc je suis arrivée et je suis restée spontanée comme j'étais. Je ne connaissais pas les jeux, pas les épreuves. Les autres, c'étaient des mordus, ils connaissaient tout, surtout Marc.
Lors du dernier conseil, vous avez dit que vous aviez fait "plein d'erreurs". Laquelle a été la plus grosse ?
D'après moi, c'est de m'être trop excusée. Je me suis trop excusée en pensant que mes excuses montreraient aux gens qu'il n'y avait rien de méchant en moi et que ce n'était pas calculé, que c'était spontané face à certaines situations. Si c'était à refaire, je ne demanderais pardon pour rien du tout. De toute façon, ça ne change rien, les gens critiquent quand même. J'ai aussi regretté par moments d'avoir sauté sur la tête de Melissa quand Christophe a commencé à la critiquer. Ca, c'est une erreur. Je n'aurais jamais dû prendre parti lors de clashs, comme je l'ai fait par moments. J'aurais dû faire comme Bruno et rester en dehors de ça ! J'ai voulu faire un peu trop la grande soeur ou donner trop de conseils de comportements et d'éviter les disputes...
Avant de partir, vous aviez réfléchi au fait que des millions de gens allaient avoir un avis sur vous ? Vous dites que les gens vous détestent ou vous adorent aujourd'hui, vous l'aviez anticipé ?
Non, parce que je ne suivais pas l'émission. Je ne savais pas quelles retombées ça pouvait avoir. Je ne pensais pas que ça avait autant d'importance dans la vie des gens. Mais en Bretagne, je pense qu'ils sont fiers d'avoir eu une Bretonne qui est allée aussi loin, parce que jusqu'ici je n'ai eu aucune retombée négative ici. On m'accueille bien.
En revanche, vous avez parlé de tensions assez violentes parmi les candidats !
Oui, des choses assez violentes, des insultes mais maintenant, je le mets dans le tiroir du passé. J'étais très tendue à la finale parce que j'avais peur de revivre ça mais ça s'est très bien passé. La production a fait un superbe portrait de moi, elle n'a mis aucun des deux finalistes sur un piédestal, elle a tout fait pour éviter les tensions, je me suis sentie à l'aise là-bas.
Ces tensions ont été causées par des événements qui ont lieu lors du tournage ?
Non, par ce qui s'est passé après. Des gens n'ont pas tourné la page, ont continué les rancoeurs et les haines alors qu'ils savent ce qu'ils ont vécu. Mais le fait de le voir à la télé, de découvrir les interviews, il y a eu énormément de rancoeur, d'insultes sur les pages Facebook. Ils se sont laissés emporter alors que tout est déjà fait, enregistré, terminé. Je ne comprends pas ce besoin de refaire sortir ça. Ca ne va rien changer.
Il n'y a rien que vous avez découvert en regardant les épisodes ?
Non, je ne comprends vraiment pas. Ce qui a été fait a été fait ! Je sais que je suis finaliste, c'est différent. Certains pensaient avoir leur place sur les poteaux et pensent qu'on leur a volée. Mais c'est le principe de "Koh-Lanta" : on doit voter contre des gens pour les éliminer. On ne va pas s'éliminer soi-même, en plus on n'a pas le droit ! On ne va pas arriver à vingt sur les poteaux ! Arrivé à l'orientation, c'est du chacun pour soi. Il y a des personnes qui l'ont mal vécu, surtout Sébastien. Mais on n'est pas voyants. Qui dit qu'il aurait réussi l'orientation ? Mais les gens entretiennent ces rancoeurs, comme s'ils voulaient avoir plus d'amour du public et générer plus de haine envers nous. Ca a marché jusqu'à la finale, mais depuis la finale, on n'a que des éloges.
Vous avez pu vous expliquer avec certains candidats vendredi soir ?
Ceux qui avaient toujours de la rancoeur envers nous nous ont évités pendant la finale. Ils ont continué leur petit jeu. Je m'en fiche. Moi, ce qui m'intéresse, ce sont les gens avec qui j'ai eu de bons rapports. Après, ils ouvriront peut-être les yeux plus tard, on verra. Mais celles avec qui je veux avoir de bons rapports, ce sont Jessica et Melissa. J'aimerais sauver nos rapports.
C'est quoi le plus beau moment de votre aventure ?
Il y en a eu des tas ! Il y a eu des moments que vous n'avez pas vus. Sur l'île des bannis, avec Marc, il y a eu des moments formidables, où tout le stress est tombé. Quand j'ai trouvé le couteau, Denis m'a dit que c'était le troisième meilleur temps et le record féminin. A mon âge, réussir ce genre de choses, c'est gratifiant. Et puis quand j'ai vu Melissa tomber des poteaux, ça a été un très beau moment aussi parce que j'étais en finale du coup.
Et le moment le plus difficile ?
Quand j'ai dû trahir Jessica et Melissa, que je n'ai pas eu la sincérité de lui dire en face. J'avais trop peur, je ne savais pas comment lui dire et j'ai été très indélicate. Avoir vu dans leurs yeux tellement de tristesse et de déception, ça a été un moment dur. Il n'y avait pas de haine, Jessica ne sait pas ce que c'est que la haine. Le regard qu'elle m'a lancé a été plus fort que prendre une claque. Ca a été le pire moment de mon "Koh-Lanta".