Il n'est pas là pour faire de la figuration. Jean-Luc Hees, ancien patron de Radio France, fait partie des cinq personnalités à avoir intégré le comité d'éthique de Russia Today France à la fin du mois de décembre. Interrogé ce matin dans "Village Médias" sur Europe 1, il s'est confié sur la manière dont il envisage sa fonction au sein de l'organe qui contrôlera la bonne conduite de la chaîne d'information russe. "C'est bien d'avoir des gens qui ne sont là pas pour faire la police, qui ne sont pas des juges d'instruction ou des procureurs, mais qui se disent 'non, ça, ça ne correspond pas à la vision que j'ai du journalisme en général'", a expliqué le journaliste de 66 ans.
Alors que RT France est accusée d'être à la solde de Vladimir Poutine, Jean-Luc Hees revendique sa liberté : "Je suis libre, j'ai toujours été libre", assure-t-il, prenant ses distances vis-à-vis de la ligne officielle du Kremlin. "Je ne suis pas fana de la politique adoptée par la Russie de Poutine à l'égard de la Tchétchénie", a-t-il affirmé sur Europe 1, tout en précisant également ne pas être "homophobe". "Ce sont des sujets qui m'intéressent", a-t-il résumé.
L'ancien patron de Radio France assure même ne pas avoir subi de pression au moment de la publication de la composition du comité d'éthique de RT France. "J'ai une seule fierté dans ma vie : quand je travaillais dans des grands médias, on me disait que j'étais incontrôlable et donc on m'a viré deux fois pour ça, a-t-il revendiqué. Il ne peut pas y avoir de pression en ce qui me concerne : je suis libre ! C'est le privilège de l'âge".
Le journaliste considère que Russia Today France est différente de son aînée russe. "Il ne faut pas confondre Russia Today International et Russia Today France. Ce sont des filiales. Si j'étais patron d'une chaîne comme ça (...), je comprendrais la texture du pays où je me trouve, sa mentalité et ses valeurs. Et s'il y a un dérapage... Ciao !", a-t-il prévenu. La fonction de Jean-Luc Hees au sein du comité d'éthique est bénévole ; il s'offusque même qu'on lui pose la question de la rémunération. "Il ne manquerait plus que ça ! (...) Dans un comité d'éthique, (...) on n'est pas rémunéré pour apporter sa caution morale, intellectuelle ou professionnelle".
Enfin, Jean-Luc Hees s'est amusé des attaques dont il est l'objet. "Je regarde de temps en temps sur le net ce qui se passe et je me dis : 'Mais mon dieu, je suis une vraie horreur' ! Je suis 'inféodé à Poutine', ce qui est idiot...", a-t-il estimé. Il a avancé des arguments étonnants pour se défendre, rappelant par exemple avoir travaillé "quasiment" toute sa vie aux Etats-Unis et avoir de la famille américaine. Et de conclure : "J'aime beaucoup les Russes, comme tout le monde je trouve que c'est un grand peuple mais bon, c'est un peu idiot, quand on est journaliste, de minimiser les sujets".