Cinq ans après sa prise de fonction, Jean-Luc Hees a quitté hier la présidence de Radio France. Lundi matin, c'est Mathieu Gallet qui prendra les rênes de l'entreprise publique. En début de semaine, Jean-Luc Hees a fait ses adieux par mail aux salariés de son groupe. "Je vous souhaite à chacune et à chacun un bel avenir professionnel. Conservez, intacte, votre passion pour l'art difficile de la radio, ou de la musique si vous appartenez à nos formations. Et de temps en temps, quand la frustration ou la mauvaise humeur vous étreignent, pensez que c'est un privilège de travailler dans une des plus belles entreprises de notre pays", a écrit, élégamment, le désormais ex-PDG dans un courriel.
Hier, Jean-Luc Hees a "tiré sa révérence" dans une longue tribune publiée dans "Le Figaro". Après avoir eu une pensée pour Philippe Chaffanjon, un de ses proches, décédé il y a un an, Jean-Luc Hees a simplement dit au revoir à ses salariés et anciens collègues. "Voilà, bye bye Radio France. Bye bye mes amies, mes amis, mes chers directeurs. Je les ai presque tous aimés, respectés et admirés au fil des années. J'ai travaillé avec certains depuis 1972 et ils ont encore à apporter à leur entreprise. D'autres sont là depuis peu. Ils sont vaillants, intelligents et bien sûr 'digitaux'. Ils sont ouverts sur l'avenir, sur le monde, ils ont le goût des autres et de l'intérêt général. Ils sont modestes, talentueux, dévoués. Ils savent qu'un Euro est un Euro, surtout lorsque cet Euro sort de la poche des contribuable", écrit-il.
Signant une véritable déclaration d'amour au groupe où il a occupé tous les postes pendant 40 ans, Jean-Luc Hees expose une certaine idée de Radio France. "J'ai eu le privilège de passer ma vie entière dans des studios et finalement de diriger la plus belle entreprise de média de ce doux pays de France. Je ne vais pas vous dire aujourd'hui que les choses s'y déroulent comme dans une comédie musicale sur un épais tapis de roses. (...) Mais avant de quitter cette maison qui m'a permis de vivre une longue aventure professionnelle, intense, aventureuse, passionnante, et gratifiante, je voudrais remercier toutes celles et ceux qui m'ont accompagné depuis tant d'années", écrit-il avant de faire un bilan de son mandat.
Jean-Luc Hees liste une série "d'immenses fiertés" qui ont marqué son mandat comme, notamment, la délocalisation du groupe à Berlin pour le vingtième anniversaire de la chute du Mur, la restauration du réseau des radios à Haïti après le tremblement de terre ou le fait que France Culture a réussi à dépasser le million d'auditeurs par jour et France Inter a réalisé de bonnes audiences pendant la dernière présidentielle. Il n'oublie pas de citer les importants travaux de la Maison de la radio qui ont duré tout le long de son mandat.
"Le chapitre déception n'a pas été mince non plus", n'hésite-il pas écrire. "Mon cher Mouv' qui n'a pas rencontré son public comme on dit pudiquement alors que c'était de mon point de vue le plus beau projet politique de Radio France, n'en déplaise à quelques esprits frappés par la limite d'âge, qui nous atteint tous". Il dit également sa déception de ne pas avoir pu réussir à faire accepter aux syndicats une convention collective. Des dossiers qui seront dès lundi sur le bureau de son successeur.