Drôle de numéro d'équilibriste pour Martin Bouygues. Hier après-midi, à Challenger - siège social de la filiale Bouygues Construction -, se tenait l'assemblée générale des actionnaires du groupe industriel. Au cours de l'événement, Martin Bouygues, qui est à la fois propriétaire de TF1 et de Bouygues Telecom, a pris position pour la première fois dans le conflit qui oppose la Une aux FAI. Depuis plusieurs mois, le groupe audiovisuel dirigé par Gilles Pélisson fait pression sur les opérateurs téléphoniques pour que ceux-ci paient la reprise de son signal.
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Interrogé par un actionnaire qui se demandait s'il entendait favoriser Bouygues Telecom ou TF1 dans les négociations, l'homme d'affaires a indiqué qu'il n'y aurait aucun "régime de faveur" car "c'est contraire à la loi et à la morale". "En tant que président, je ne juge pas l'une au détriment de l'autre, j'aurai le jugement le plus équitable pour les deux" a précisé Martin Bouygues avant de pourtant prendre position en faveur des doléances du groupe audiovisuel privé.
L'homme d'affaires a ainsi déclaré qu'il considère que la demande de TF1 est "parfaitement légitime", jugeant qu'il n'est "pas anormal" que le groupe audiovisuel "demande un effort à Goliath Telecom !". Un discours sensiblement différent de celui tenu par Stéphane Richard, PDG d'Orange, qui dénonce un "impôt privé" et qui peut compter sur l'appui de SFR et Free pour tenir tête à la première chaîne privée.
Concernant la frilosité des concurrents de Bouygues Telecom à verser un revenu supplémentaire à TF1, Martin Bouygues s'est dit "optimiste" auprès des "Échos" sur l'issue des négociations entre la Une et les opérateurs télécoms. "Je comprends que les opérateurs qui ne payent pas trouvent la situation confortable mais il faut que tout le monde soit raisonnable. La situation française est atypique par rapport au reste du monde, il est normal de revenir dans la normalité" a asséné l'homme d'affaires auprès de nos confrères, reprenant ainsi les arguments défendus par la direction de TF1.
Cette prise de position de Martin Bouygues en faveur de l'argumentaire défendu par sa filiale audiovisuelle intervient alors que TF1 menace les opérateurs de procéder à une première demande de coupure de signal dès ce lundi. Une perspective loin d'effrayer Stéphane Richard qui ironisait la semaine dernière en se demandant si TF1 voulait vraiment "se passer des 25% d'audience" que la chaîne réalise "grâce à Orange". Interrogé sur la question de savoir s'il prendrait vraiment le risque de couper le signal de ses chaînes aux opérateurs, Martin Bouygues s'est contenté de répondre : "Vous verrez bien !". Réponse dans quelques jours.