Infos puremedias.com Dans les couloirs de Canal+, la confusion est totale. Quelles émissions seront condamnées ou sauvées en septembre ? Depuis vendredi et le coup de balais de Vincent Bolloré à la tête de la chaîne, réunions et consultations s'enchaînent autour de Maxime Saada, le nouveau directeur général. Une case fait l'objet de toutes les convoitises, celle de l'access, à partir de 19 heures. C'est désormais acté, "Le Grand Journal" version Antoine de Caunes ne reviendra pas à la rentrée. Pas question pour le nouvel homme fort du groupe de laisser la case une saison de plus à Renaud Le Van Kim, producteur historique. Mais lancer un nouveau programme ambitieux à six semaines de la rentrée relève du tour de force. Qui y parviendra ?
Le nouveau patron de Vivendi ne s'en cache pas auprès de ses proches, il veut Maïtena Biraben aux commandes du nouvel access de Canal+, comme l'a révélé puremedias.com. Son producteur, Laurent Bon, a donc été logiquement sollicité pour reconstruire la tranche 19/20h. Le patron de Bangumi la connaît par coeur pour avoir été producteur éditorial quand Michel Denisot la présentait. Mais créer une nouvelle émission à six semaines de la rentrée télé relèverait du tour de force ! Il n'a pas dit oui, il n'a pas dit non. Le temps presse et sa réponse est attendue dans les prochaines heures. "Bolloré veut du neuf à la rentrée, sans exclure de garder la marque 'Le Grand Journal' qui est pour lui très forte", explique un proche de l'homme d'affaires. Le nom de l'émission appartient toujours à la chaîne.
Vincent Bolloré devra trouver un autre producteur capable de reprendre la case au pied levé. Et ils ne sont pas nombreux sur la place de Paris à savoir fabriquer une quotidienne ! Selon des sources concordantes, plusieurs ont été contactés par les proches de l'industriel, certains déjà en contrat avec Canal+, d'autres non.
"Bolloré veut favoriser la production interne mais n'est pas contre laisser entrer un loup dans la bergerie en faisant venir de nouvelles prods de l'extérieur", prévient une source à Canal+. Flab, aux commandes de "La Nouvelle Edition" et du "Canal Football Club" est sur les rangs. La société, qui a l'expérience de la quotidienne, est devenue une filiale de Vivendi : c'est l'assurance d'un projet aux coûts maîtrisés.
Les producteurs historiques de Canal+ ne cachent plus leur inquiétude à propos de la future ligne éditoriale qu'entend déployer Bolloré. "L'esprit Canal" est définitivement enterré, l'épisode des "Guignols" était un sérieux avertissement envoyé malgré les démentis officiels. Habitué à dépolitiser les sociétés qu'il rachète, Bolloré ne serait pas contre un access 100% divertissement et sans politique ! Un écrin pour les talents Vivendi ?
A deux ans de la présidentielle, ce serait osé : la politique est la matière première de Canal+ midis, soirs et week-ends. Par ailleurs, le sort des Guignols n'est toujours pas réglé. Le format quotidien serait pérennisé... en crypté ! Parfait pour étouffer leur pouvoir de nuisance mais il s'agira, officiellement, de booster les abonnements à Canal+. Autre inquiétude, dans une grille lissée par l'actionnaire, quel avenir pour "Le Petit Journal" de Yann Barthès ?
Après douze ans de services à Canal+, le producteur KM tire sa révérence. L'avenir de KM à la tête de l'access était compromis depuis quelques mois déjà. Mais Antoine de Caunes et les équipes avaient obtenu de Rodolphe Belmer, ex-patron de la chaîne et proche de Le Van Kim, l'assurance d'être reconduits en septembre. Belmer écarté après la crise des "Guignols", c'est une remise à plat totale que Vincent Bolloré entend opérer.
La perte de puissance du "Grand Journal" ces quatre dernières saisons a achevé de convaincre l'actionnaire. L'émission, statutaire et prescriptrice pendant ses plus belles années, ne l'était plus mais coûtait toujours cher. Vitrine du clair, le 19/20h n'a pas joué son rôle de levier pour les abonnements à Canal+, qui en a perdu 400.000 en 2014. Fortement attaquée par Netflix sur le cinéma et beIN sur le sports, la chaîne cryptée est entrée dans une nouvelle période de turbulences.
La fin d'une époque
C'est la fin d'une époque à Canal+, où le producteur KM régnait en maître dans la fabrication des émissions de la chaîne : "Le Grand Journal" mais aussi "Les César", Cannes avec "TV Festival" ou les soirées événementielles comme "Le Débarquement" et les 30 ans de la chaîne en 2014. Producteur respecté - on lui doit notamment le dernier prime politique sur TF1 avec François Hollande -, on ne sait pas encore si Renaud Le Van Kim conservera ces rendez-vous, certains contrats étant arrivés à échéance. "La fatwa contre Renaud est franchement nauséabonde, commente un proche. N'oublions pas ce qu'il a créé sur cette chaîne".
Le "Chinois" comme il est appelé dans le milieu n'est pas la seule cible du Breton. Les historiques de Canal+ le savent, Vincent Bolloré est loin d'avoir fini son grand ménage. "Il va mettre son nez partout et s'apercevoir que certains animateurs sont grassement payés, bien au-delà des prix du marché", témoigne un autre. Cette crise n'est pas sans rappeler aux plus anciens celle de 2002, où Pierre Lescure avait été débarqué sans ménagement par Jean-Marie Messier pour faire table rase du passé. L'été s'annonce meurtrier.