Rien ne va plus à Canal+. Rodolphe Belmer, le numéro 2 du groupe Canal+, vient d'être écarté de la direction générale, annonce Vivendi dans un communiqué. Il est remplacé par Maxime Saada, son adjoint. C'est la première victime de la reprise en main de la ligne éditoriale par l'actionnaire principal, Vincent Bolloré. Selon nos informations, l'industriel n'a pas beaucoup apprécié que Rodolphe Belmer souffle sur les braises de l'incendie déclenché par une possible fin des "Guignols".
Depuis plusieurs jours, le grand patron de Vivendi, la maison mère de Canal+, a en effet décidé de mettre son nez dans la grille des programmes. Le milliardaire breton avait deux émissions dans le viseur : "Les Guignols", dont il n'apprécie pas l'humour - qu'il a finalement renoncé à faire disparaître en raison de leur charge symbolique et des nombreuses réactions politiques -, et "Le Grand Journal" d'Antoine de Caunes. Très mécontent des piètres performances de cette émission très coûteuse, Vincent Bolloré souhaite la revoir entièrement, quitte à changer de producteur et d'animateur. Rodolphe Belmer est très lié à Renaud Le Van Kim, l'actuel producteur de l'access.
C'est la fin d'une époque faste pour Canal+. Le très discret Rodolphe Belmer est arrivé dans le groupe en 2001. Son tandem avec Bertrand Méheut, lui aussi sur le départ, a fait les belles heures de la chaîne cryptée. Après avoir frôlé la faillite sous l'ère Jean-Marie Messier, l'entreprise a été redressée par les deux dirigeants. Déficitaire et très endettée à la fin des années 90, la société est devenue rentable avec 5,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 583 millions d'euros de résultat opérationnel en 2014. Canal+ compte 15,3 millions d'abonnés dans le monde et 9,5 millions en France (à Canal+ ou CanalSat).
Côté programmes, la chaîne est une revenante. Elle a réalisé des records d'audience durant une décennie grâce au "Grand Journal". Lancée en aôut 2004, l'émission a brillé pendant la présidentielle de 2007 et a réussi à dépasser la barre des 10% de parts d'audience en 2010. Mais le programme souffre fortement depuis trois saisons et le remplacement de Michel Denisot par Antoine de Caunes n'a fait qu'accélérer la chute du programme. Rodolphe Belmer a trop tardé à réagir, reconduisant une nouvelle fois il y a quelques semaines ce programme déclinant et bien plus coûteux que "Touche pas à mon poste" qui cartonne sur la petite soeur D8.
Rodolphe Belmer aura également réussi à maintenir l'offre sportive de Canal+, fortement attaquée par beIN Sports, en se concentrant sur les contenus les plus prémium, et à rénover de fond en comble les séries de la chaîne, créant de petits bijoux comme "Les Revenants" ou "Engrenages".
JB/BD