Bon perdant. Lundi soir, Bertelsmann, maison mère de M6, et Bouygues, maison mère de TF1, ont annoncé leur volonté dans les prochains mois de fusionner leur groupe média respectif pour créer un géant français capable de rivaliser avec les plateformes américaines. Cette volonté de rapprochement, encore inimaginable il y a quelques années, a été officialisée par les deux groupes via un communiqué commun. A l'issue de l'opération, dont la validation devrait durer jusqu'à fin 2022, Nicolas de Tavernost, actuel président du directoire de M6, devrait être proposé pour devenir à 72 ans le PDG du nouvel ensemble. Gilles Pélisson, actuel PDG de TF1, deviendrait pour sa part directeur adjoint du groupe Bouygues en charge des médias et du développement.
Selon "Le Point" hier, Daniel Kretinsky, homme d'affaires tchèque, propriétaire des magazines "Marianne" et "Elle" et actionnaire du journal "Le Monde", s'est également positionné pour s'offrir le groupe M6 mis en vente par Bertelsmann. L'offre de rachat en cash des 48% du groupe est arrivée en deuxième place derrière celle de Bouygues. Interrogé par l'hebdomadaire, Daniel Kretinsky semble avoir accepté, saluant la fusion de TF1 et M6.
"Les autorités doivent redéfinir les règles du secteur des médias exposés à la concurrence féroce des Gafa, notamment sur le marché de la publicité. Elles doivent à la fois introduire une régulation légitime des Gafa et à la fois permettre la consolidation des médias", a déclaré le milliardaire. Et d'ajouter : "Le projet de fusion de TF1 et M6 va précisément dans cette direction. Il mérite d'être salué, soutenu et réalisé".
Mercredi, auprès de Franceinfo, Isabelle de Silva, la présidente de l'Autorité de la concurrence, a commenté pour la première fois cette opération qu'elle a jugé "très importante" et sur laquelle son institution devra se prononcer dans les prochains mois. "Nous allons regarder comment l'opération affecterait la concurrence sur différents marchés, tout d'abord le marché de la publicité sur des chaînes de télévision gratuites, puisque TF1 et M6 ont actuellement une part de marché considérable, ensuite sur les marchés d'acquisitions des droits donc ce qui concerne la relation avec les producteurs de programmes audiovisuels, les achats de droits de films ou encore les achats de droits d'événements sportifs", a-t-elle annoncé.
Alors que TF1 et M6 représentent 70% du marché de la publicité des chaînes télévisées gratuites, "ça paraît très compliqué qu'une telle opération puisse être même envisagée", a-t-elle prévenu. Pour contourner cet obstacle, TF1 et M6 ont déjà prévu de plaider qu'il ne faut plus évaluer l'impact de l'opération sur le seul marché publicitaire de la télévision où ils seraient hégémoniques, mais plutôt prendre en compte le marché plus vaste de la publicité digitale, sur lequel leur poids est marginal en comparaison des géants Facebook et Google.