Dave : "Si on m'engage, c'est pour dire des conneries"

Ce soir, Dave réintégrera la table des jurés pour la sixième saison de "La France a un Incroyable Talent". Le chanteur hollandais retrouvera Gilbert Rozon et Sophie Edelstein pour juger les candidats venus présenter leur talent, tandis que Sandrine Corman - qui a également répondu aux questions de puremedias.com - et Alex Goude seront de retour à la présentation de l'émission. A cette occasion, Dave nous a accordé un entretien. Il revient sur le processus difficile des auditions, les problèmes de santé qui ont failli l'empêcher de participer mais aussi le côté méchant de Gilbert Rozon et ses blagues parfois trop osées.

Quel bilan tirez-vous des auditions 2011 ?

Je suis extrêmement soulagé dans la mesure où je me demandais s'il y avait encore des choses qui pouvaient nous surprendre et oui, il y en a ! C'est de nouveau cinq jours extrêmement éprouvants sur le plan de la fatigue mais le bonheur total ! Et je pèse mes mots ! Je suis vraiment épaté ! J'ai vu des numéros nuls à chier mais j'ai aussi vu des numéros exceptionnels. Je suis un peu fragilisé par une petite intervention chirurgicale que j'ai subi mais il y a clairement une fille qui m'a donné les larmes aux yeux rien qu'en ouvrant la bouche, tellement c'était bien. Et puis j'ai ri...

Vous pensez que ça peut durer encore longtemps ?

Je ne sais pas mais comme les gens viennent de plus en plus, que l'émission marche de mieux en mieux et que beaucoup de professionnels ont compris enfin que cette émission pouvait leur donner du boulot, on a des numéros professionnels maintenant couplés aux amateurs. Moi j'ai toujours un problème avec les numéros où il y a des animaux, je préfère les voir en liberté... Je suis un espèce de Brigitte Bardot qui s'ignore.

Qu'est-ce qui vous passe par la tête quand vous voyez Waterman qui engloutit ses trois bouteilles d'eau de 1,5L à la suite ?

Je me demande ce qu'il va faire ! Surtout que le numéro a été un peu coupé au montage, en vrai il boit ses bouteilles puis il se frotte le ventre. Donc on se dit qu'on va vite buzzer. Et heureusement que Gilbert ne l'a pas buzzé tout de suite ! C'est le seul problème que j'ai avec lui quand on en parle hors antenne, qu'il buzze trop tôt et on ne sait pas encore si le numéro est intéressant. En même temps, c'est aussi la faute de l'artiste, qui sait qu'il faut qu'il se passe quelque chose tout de suite. Donc pour en revenir à Waterman, le numéro m'a fait un peu peur mais le personnage est très attachant donc on se dit "voyons un peu". Et on n'est pas déçus après.

Vous faites des blagues assez osées par moment, ce qui vous a d'ailleurs causé quelques soucis quand vous avez commenté l'Eurovision il y a quelques années. Est-ce que, à un moment, on vous a rappelé que vous étiez sur un programme familial ou vous vous censurez vous-même ?

Non, non. D'une part je pense qu'ils m'ont engagé connaissant ma réputation de causticité, donc ils savaient où ils allaient, ils avaient envie d'avoir cette forme d'humour qui est parfois en effet déplacée. Mais il y a aussi le fait que ces émissions sont enregistrées et je le sais. Je pense que je me retiens un peu plus dans les émissions en direct, sachant qu'il y a beaucoup d'enfants devant l'écran. Donc je ne vais pas parler de la sodomie devant des mômes de 10 ans. Mais dans ces émissions enregistrées, quand je dis "Gilbert il a un problème avec la pédale", je sais qu'il y a la possibilité de le couper. Et ils l'ont laissé.

Est-ce qu'un jour la question s'est posée, est-ce qu'on vous a demandé votre avis sur une blague tendancieuse ?

Non, non. En revanche, j'avais fait une émission sur l'humour pour une autre chaîne et j'étais le seul animateur. C'était une émission enregistrée et au montage ils ont coupé tout ce qui dépassait donc j'ai arrêté de bosser avec cette dame qui est très célèbre. Si c'est pour après c'est pour en faire un truc fade qui ressemble à tous les animateurs ça ne sert à rien. Si elle m'engage, c'est pour dire des conneries.

Quand vous entendez Gilbert Rozon dire qu'il est "trop gentil", ça vous fait rire ?

Non, je pense qu'il le pense vraiment et qu'en plus, il n'a pas totalement tort. Il a un oeil de producteur et moi j'ai l'oeil de l'artiste avec la compassion qui va avec pour ceux qui font le même métier que moi. On est complémentaire. Dès le début, ils ont toujours fonctionné comme ça, avec quelqu'un des affaires, quelqu'un qui est dans le visuel comme Sophie et un artiste. Mais ce n'est pas un homme méchant. Il va un peu vite, c'est tout. Mais les candidats sont pendus à ses lèvres, pour voir si malgré sa méchanceté il va en dire du bien. Ca apporte plus de valeur quand il dit qu'il aime.

Le tournage a été décalé à cause de votre opération du coeur. Comment tout ça s'est passé ?

En quelques mots, la mort de ma soeur m'a poussé à aller faire quelques examens, parce que comme beaucoup de gens, je m'occupe mieux de ma voiture que de moi-même. Un soir, début juin, j'étais chez Marc-Olivier Fogiel et je lui ai dit que j'allais faire un électro-cardiogramme à la rentrée, après ma tournée d'été. Il m'a dit "Mais pourquoi tu ne le fais pas maintenant, j'appelle ma soeur tout de suite", sa soeur étant cardiologue. Donc je l'ai vue le lendemain, elle m'a immédiatement envoyé à l'hôpital et j'ai été immédiatement opéré. J'ai juste eu le temps d'appeler la production pour leur dire qu'il fallait me remplacer.

Et que vous ont-ils répondu ?

C'est là que l'histoire devient assez jolie, dans la mesure où ils n'ont pas envisagé un instant de me remplacer. Avec tout ce que ça représente comme complications et comme frais, tout était organisé, le studio, les techniciens, Gilbert qui venait de loin... Ca m'a ému. Ca m'a vraiment ému. Fremantle, la maison de production mais M6 a eu la même attitude, dans l'heure ils me disaient la même chose. J'ai tiré la conclusion non pas que j'étais irremplaçable mais que l'osmose entre ces trois membres du jury pour le moment était irremplaçable à leurs yeux. C'est joli dans un monde aussi cruel.

Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure ?

L'année dernière j'ai demandé à ce qu'on m'envoie les DVDs de l'émission française mais aussi anglaise. J'ai commencé à regarder ça seul et après j'ai appelé mon compagnon et on était tous les deux cloués. On n'avait jamais regardé ces émissions, ce n'est pas notre truc, c'est pas ce qu'on regarde. Honnêtement j'étais client. J'ai dit "putain quel pied, je veux faire ça !". J'ai aussi dit oui en grande partie pour le fric que ça représentait, pour l'exposition que ça amenait, j'ai doublé mes concerts en 2011 - sauf qu'après je ne les ai pas faits parce que j'étais à l'hôpital, mais ça c'est la vie, j'ai été puni, je ne sais pas pour quoi. Mais honnêtement, c'est un bonheur de faire cette émission. Je ne devrais pas le dire parce qu'ils vont refuser de nous augmenter ! (Rires)

Vous avez déjà dit que vous étiez plus sensible aux candidats qui chantent, est-ce qu'on vous avait contacté pour être juré d'un télé-crochet ? Est-ce que vous êtes client de ce type d'émissions, vous avez regardé "X-Factor" par exemple ?

"X-Factor", j'ai regardé pour des raisons purement professionnelles. Je voulais voir comment était le jury, comment il fonctionnait, s'il était meilleur que nous, différent, etc. On va dire qu'il était différent. J'adore aux Etats-Unis regarder "American Idol" et je suis très client, et cette année il y avait Jennifer Lopez parmi les jurés donc ça donnait un peu des lettres de noblesse, parce que le métier de membre du jury on peut dire que c'est des vieux ringards qui n'ont plus de boulot qui font ça, mais là il y a Jennifer Lopez et Christina Aguilera (dans "The Voice", ndlr) ça commence à être bien pour des artistes très à la mode donc je me sens mieux.

Et en France ?

En France, quand il y avait la "Star Academy", quand je tombais dessus je restais dessus. Parce que c'est le radio-crochet à la télé. J'ai bien aimé la saison de "Nouvelle Star" que Christophe Willem a gagnée, je trouvais en revanche Christophe Willem déplacé là où il était (dans "X-Factor"). Parce que je le trouve trop jeune. Je trouve qu'il faut attendre d'avoir une vraie expérience, un vrai recul de plusieurs décennies avant de dire "je vais juger les autres".