Le Conseil supérieur de l'audiovisuel répond à Nicolas Dupont-Aignan. Après avoir appris que TF1 allait organiser, le 20 mars prochain, un débat de premier tour avec uniquement les cinq favoris de l'élection présidentielle, le candidat de "Debout la France" avait dénoncé un "viol de la démocratie". Après avoir appelé au "boycott de TF1" le 21 février, le parlementaire avait estimé trois jours plus tard sur franceinfo que TF1 "ne respect(ait) pas la loi sur l'équité". Nicolas Dupont-Aignan avait dans la foulée annoncé l'envoi d'un courrier de protestation au CSA.
Ce dernier lui a finalement répondu hier. Dans une lettre publiée sur Twitter, le régulateur de l'audiovisuel explique au député de l'Essonne que le "choix d'une chaîne d'organiser un débat n'associant qu'une partie des candidats (...) relève de sa responsabilité éditoriale". Autrement dit, TF1 est libre de n'y convier qu'une partie des prétendants à la magistrature suprême.
Le CSA précise cependant qu'"'il incombe à la chaîne de veiller à ce que ce choix n'entraîne pas une rupture du principe d'équité de traitement entre l'ensemble des candidats". L'institution présidée par Olivier Schrameck estime ainsi que la date retenue par TF1 pour ce débat peut rendre cette obligation d'équité "particulièrement difficile à respecter".
Le 20 mars coïncide en effet avec un moment charnière en matière de temps de parole. C'est en effet lors de cette semaine du 20 mars que le Conseil constitutionnel a prévu de publier la liste définitive des candidats à la présidentielle, "sans doute" le mardi 21 mars selon les Sages de la rue Montpensier. Or, la publication de cette liste actera la fin immédiate de la période dite d'équité et l'entrée dans la période dite "d'équité renforcée", plus contraignantes pour les chaînes en matière de programmation*.
Les Sages de l'audiovisuel invitent ainsi les dirigeants de TF1 à s'interroger sur "l'opportunité de modifier la date du débat" afin d'éviter cette semaine de bascule. Ils demandent par ailleurs à la Une de lui transmettre les compensations d'antenne précises qu'elle a prévues pour les candidats ne participant pas au débat du 20 mars.
De son côté, TF1 compte maintenir son rendez-vous du 20. Lors de la présentation à la presse de son dispositif pour la présidentielle lundi, Catherine Nayl, la patronne de l'info du groupe TF1, a annoncé que sa chaîne respecterait scrupuleusement le principes de l'équité de traitement des candidats. "Tous les autres candidats auront la parole dans nos 20 Heures avant le 20 mars", a-t-elle ainsi assuré, précisant qu'ils interviendraient dans un module spécifique de 10 minutes.
Ces garanties suffiront-elles à calmer la grogne des "petits candidats" ? Le 23 février dernier, le président de "Debout la France" avait en tout cas indiqué que si le CSA ne rappelait pas TF1 à l'ordre, "(il) attaquera(it) en référé judiciaire" la chaîne. Cette affaire n'est donc peut-être pas totalement terminée.
* La période d'égalité commencera, elle, le 10 avril, jour de début de la campagne officielle pour la présidentielle 2017.