La bataille contre les GAFAN est lancée. Hier, Delphine Ernotte a participé au forum "Médias en Seine", à Paris, qui réunissait les principaux dirigeants des groupes audiovisuels français ainsi que les responsables des nouvelles plateformes numériques comme Netflix et Youtube. Au coeur d'un débat autour de l'avenir de la télévision, la patronne de France Télévisions a annoncé sa volonté d'arrêter la mise en ligne des productions de son groupe sur le site de vidéos Youtube.
"Nous allons arrêter de mettre les oeuvres intégrales sur Youtube. Cela ne rapporte rien, il n'y a pas de partage de valeurs", a lancé Delphine Ernotte, qui a tout de même noté que la plateforme américaine "est un outil formidable", "c'est l'écran des jeunes". "Mais le partage de revenus que nous touchons de Youtube, c'est du pourboire pour le petit personnel. (...) Nous touchons deux millions d'euros. Nous allons arrêter de mettre nos émissions en entier sur Youtube et nous allons arrêter de mettre nos séries sur Netflix", a-t-elle ajouté. Actuellement, sur la plateforme de vidéos détenue par Google, les internautes ont accès à de nombreux programmes de France Télévisions comme "Envoyé spécial", "Vu", "On n'est pas couché", "Ca commence aujourd'hui" ou encore "Complément d'enquête".
Face à Delphine Ernotte hier, Justine Ryst, directrice des partenariats de Youtube pour l'Europe du Sud, s'est défendu en assurant que le site de vidéos s'inscrivait "dans une complémentarité avec les groupes média". Présent également à ce débat, Gilles Pélisson, président du groupe TF1, a jugé "inacceptable" la manière dont sont traités les contenus de son groupe par Youtube et a chargé Netflix, qui "ne participe pas assez au financement de la création française". Enfin, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, s'est plaint des actuelles restrictions à la télévision : "Nous assistons à un cambriolage des ressources, car nous n'avons pas le droit de faire de la publicité adressée alors que sur internet c'est possible ; cambriolage de notre programmation car nous ne pouvons pas diffuser du cinéma à la télévision certains jours de la semaine. (...) Il y a un certain nombre de choses qu'on peut diffuser sur Netflix. Mais nous voulons lutter à armes égales."