Lorsque l'invité de Benjamin Petrover sur le plateau d'Europe 1 est le créateur d'Envoyé Spécial, on se tait et on écoute. Le grand reporter Bernard Benyamin a partagé ses doutes quant à la "nouvelle façon" de pratiquer le journalisme avec l'avènement des réseaux sociaux et des chaînes d'info en continu. L'occasion était trop belle pour ne pas fustiger les casseroles médiatiques à propos de l'UMP et du marasme régnant au parti depuis semaine dernière.
"Elle m'inquiète", souffle sur Europe 1, amer, Bernard Benyamin. "Elle", c'est cette nouvelle façon de pratiquer le journalisme. Le producteur historique de France Télévisions argumente : "Aujourd'hui, avec une telle avalanche d'informations (...) on ne sait plus ce qui est vrai, ce qui n'est pas vrai. Les rumeurs les plus folles courent et on met des jours et des jours à rattraper une information qui était fausse au départ".
Rapidement, lorsque Benjamin Petrover lui demande de préciser ses accusations avec des "exemples cette semaine", Benyamin fustige "toutes les rumeurs qui ont couru - et Dieu sait si on n'en avait pas besoin - sur l'UMP (...) Le pire c'est que le pire était vrai." Le grand journaliste assène alors "qu'il ne faut pas laisser n'importe qui parler d'information". Toutefois, il ne cite aucun de ses confrères ni aucun média en particulier. Petrover le relance alors, lui demandant si "les journalistes se font la voix de la rumeur aujourd'hui ?". Et Benyamin de répondre d'un laconique mais éloquent "parfois oui, hélas".
Bernard Benyamin était l'invité hier matin de la matinale de Benjamin Petrover sur Europe 1. Venu initialement pour la promotion de son livre "Le Code d'Esther" chez First, il est le créateur de la célèbre émission d'enquête de France 2, Envoyé Spécial, avec Paul Nahon. Cet ancien élève de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille est aujourd'hui considéré comme un vieux sage dans la profession, c'est pourquoi sa sévère critique du traitement médiatique réservé à la lutte fratricide à l'UMP ne passe pas inaperçue.