Diana : Comment les médias français ont annoncé sa mort le 31 août 1997

31 août 1997. Ce matin-là, une onde médiatique d'une puissance folle s'abat sur les téléspectateurs, auditeurs, lecteurs voire même crypto-internautes du monde entier. En fin de nuit, la nouvelle a fait le tour de toutes les rédactions : Diana Spencer, princesse de Galles honorifique, ex-épouse du prince Charles, est décédée aux côtés de son compagnon Dodi Al-Fayed dans un violent accident de voiture à Paris. À l'aube de l'explosion du web et des chaînes d'information, la mort de la femme dite "la plus photographiée au monde" devient l'un des événements médiatiques les plus marquants de la fin du XXe siècle.

Vingt ans plus tard, la passion pour la princesse, martyre des temps modernes pour certains ou manipulatrice médiatique hors pair pour d'autres, est intacte. Ces derniers jours, les documentaires sur la personnalité, la vie et la mort de Diana ont abondé sur les chaînes de télévision. À l'aide des archives de l'INA, puremedias.com vous propose de revivre le récit.

Ce 31 août, il est 5h41 lorsque les auditeurs les plus matinaux de France Info entendent "Lady Di dans un état jugé très grave ce matin". À 5h45, le ton change : "On l'apprend à l'instant, Lady Di vient de mourir". Au même moment, les programmes sont interrompus sur France Inter. Dans un flash spécial, Patrice Bertin annonce, citant une dépêche AFP : "Ce que tout le monde craignait depuis 00h30 vient, hélas, de se confirmer, la princesse Lady Di est morte des suites de ses blessures".

Dans le flash spécial de France Inter, Benoît Colombat confirme qu'il était plus ou moins au courant de la mort de la princesse par un signe très simple : le drapeau de l'Union Jack flottant au-dessus de l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris était en berne depuis 4h30, "ce qui laissait présager le pire". "C'est l'événement de la matinée" rajoute Patrick Bertin quelques minutes plus tard. Le journaliste se trompe. Ce n'est guère l'événement de la matinée qu'il vient de vivre, mais bien d'avantage l'un des événements qui va connaître la plus grande couverture médiatique du XXème siècle.

La radio était, à l'époque, le seul média en capacité de couvrir les événements en direct à une heure aussi avancée. Les chaines d'information télévisées n'avaient ni la puissance ni l'organisation qu'elles ont aujourd'hui. Ce n'est donc qu'à partir de 6h du matin que l'image est venue compléter le son. Outre-Manche, la BBC a renversé ses programmes en fin de nuit. Dès l'annonce officielle du décès de la Princesse, l'hymne national a été diffusé avec en fond l'image du drapeau de l'Union Jack en berne.

En France, Bruce Toussaint ouvre son premier journal à 5h41 sur Canal+. À cette heure, Diana est décédée mais l'information n'a pas été confirmée officiellement auprès des rédactions. Il ouvre ainsi son journal en évoquant l'état de santé de Diana dont "on ne connaît pas la gravité exacte". Une heure plus tard, à 6h38, la nouvelle tombe dans un flash, toujours présenté par Toussaint : "Diana est morte". À 8h du matin ce 31 août, France 2 diffuse à son tour un flash spécial, présenté par Benoit Duquesne, pour annoncer la mort de Diana. C'est bref, à peine 5 minutes, et c'est un récit condensé des événements de la nuit.

Sur TF1, c'est Robert Namias, le patron de l'info, qui est aux commandes de l'édition spéciale. Le présentateur ne masque pas une certaine émotion : "Une nouvelle terrible est tombée". À 9h20, après la diffusion d'un reportage de la BBC doublé en français sur la vie de Diana, le journaliste lance : "Bonjour Mademoiselle, Madame, Monsieur. Je vous dis bonjour parce que certains d'entre vous nous rejoignent maintenant, vous êtes tombé sur des images de Lady Diana tout simplement parce que Diana a eu un accident de voiture, elle a succombé à ses blessures, elle est morte cette nuit à Paris".

Les programmes des deux chaînes sont à nouveau bouleversés en fin de matinée. France 2 prend l'antenne vers midi tandis que TF1 suit une demi-heure plus tard. Claire Chazal ouvre sur cet "accident effroyable" et diffuse l'annonce de la mort sur la BBC. Les Anglais sont restés sobres : "Ici la BBC à Londres. Le Palais de Buckingham a confirmé la mort de Diana". S'en suit l'image de l'Union Jack en berne et la diffusion de l'hymne national. Ainsi débute un long marathon médiatique qui trouvera son point d'orgue quelques jours plus tard, à l'occasion des funérailles de la princesse, suivies par quelque 2,5 milliards de téléspectateurs.