Cette Une avait fait grand bruit. En 2005, "Paris Match" avait révélé l'existence d'un enfant illégitime qu'avait eu deux ans plus tôt Albert de Monaco avec Nicole Coste, une hôtesse de l'air. Le prince avait à l'époque engagé des poursuites contre "Paris Match" sans démentir l'information, avant de reconnaître officiellement l'enfant le 6 juillet 2005.
Le mois précédent, Albert II avait obtenu la condamnation pour atteinte à la vie privée de "Paris Match" et de son éditeur Hachette-Filipacchi. Le tribunal de grande instance de Nanterre les avait ainsi condamnés à verser 50.000 euros de préjudice moral au prince Albert. L'hebdomadaire avait aussi été contraint d'imprimer sur la couverture le jugement du tribunal. Cette sanction avait été confirmée en appel en novembre de la même année.
Mais comme le rapporte l'AFP aujourd'hui, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) vient finalement contredire neuf ans plus tard la justice française. Dans un arrêt rendu par quatre voix contre trois et qui est susceptible d'appel, les juges européens ont estimé qu'"il y avait un intérêt légitime du public à connaître l'existence de cet enfant et à pouvoir débattre de ses conséquences éventuelles sur la vie politique de la principauté de Monaco". Ces derniers ont ainsi conclu que la condamnation du magazine avait constitué une violation de sa liberté d'expression.
La Cour a par ailleurs fait valoir que l'existence de cet enfant revêtait une "importance politique", même si, "en l'état actuel de la Constitution monégasque", ce dernier "ne peut prétendre succéder à son père". Les juges européens ont enfin estimé qu'"il ne s'agissait pas seulement de la vie privée du prince, mais également de celle" de Nicole Coste et de son fils. Selon la CEDH, la préservation de la vie privée du prince ne doit ainsi pas faire obstacle à la volonté d'Alexandre "d'affirmer son existence" et de "faire reconnaître son identité".