"Möbius", le nouveau long métrage d'Eric Rochant, séduira-t-il les spectateurs ? Sorti aujourd'hui dans les salles obscures, ce film porté par Cécile de France, Jean Dujardin et l'anglais Tim Roth jouit de belles critiques et profite également d'une grande campagne de promotion, amplifiée par l'attrait de l'acteur oscarisé en 2012 pour son rôle dans "The Artist" de Michel Hazanavicius. Mais Eric Rochant n'est pas qu'un homme de cinéma : il a en effet écrit et réalisé les saisons 3 et 4 de "Mafiosa" sur Canal+. Un exercice dans lequel il a beaucoup appris.
"Mafiosa n'a pas été pour moi une école du thriller. Ça a été une école de mise en scène. D'efficacité de mise en scène par rapport à un budget. Ça a été une façon de renouveler ma façon de filmer, de réinventer des choses et de me réinventer un peu. Je suis reparti vers le cinéma avec de nouveaux bagages", explique le réalisateur dans une interview à Reviewer.fr. Il confie cependant ne pas faire de différence entre cinéma et série. "Il y a une vraie création dans la série, une vraie recherche. C'est un format qui m'intéresse beaucoup car il permet de dire d'autres choses, d'être plus proche du rythme de l'existence. D'être plus subtil sur les personnages. J'ai autant de projets de films que de séries."
Invité à donner des détails sur les diffuseurs avec lesquels il travaille en ce moment, Eric Rochant s'est livré à une critique du financement des chaînes gratuites. "En France, malheureusement, on ne peut pas avoir de projets (de séries) ailleurs qu'à Canal, parce qu'il n'y que Canal qui met les moyens nécessaires à une création un minimum de qualité. Si les autres chaînes mettaient les mêmes moyens, il n'y aurait pas de problème. Mais ce n'est pas le cas", lâche-t-il.
Le réalisateur estime que la forte avancée de Canal+ sur les séries premium par rapport à ses concurrents ne crée pas d'émulation. "On s'améliore mais on ne se rapproche pas de la qualité des séries américaines, ou même anglaises. On n'a pas du tout la même façon de faire les choses. Et malheureusement on n'a qu'une seule chaîne câblée. Ce manque de concurrence est problématique. Étant seule, Canal doit être très forte pour s'obliger à se renouveler et à toujours inventer", explique-t-il. Il appelle ainsi les diffuseurs à avoir plus d'audace et à accélérer le rythme de production pour que les saisons des séries les plus prisées puissent s'enchaîner et être diffusées avec plus de rapidité.