L'édition 2017 de l'Eurovision plus que jamais au coeur des tensions diplomatiques. Hier soir, la chaîne publique russe Perviy Kanal a officiellement annoncé qu'elle ne retransmettrait pas le concours et qu'elle refusait définitivement d'y participer cette année. Une décision brutale mais peu surprenante qui fait suite au bras de fer mené par l'Ukraine, pays hôte de la compétition, depuis maintenant plusieurs semaines. Malgré les tentatives de médiation orchestrées par l'UER, la Russie acte donc son retrait du concours et sa non-retransmission, du jamais vu depuis la première participation du pays à la compétition, en 1994.
C'est donc hier soir, lors du journal télévisé du soir de Perviy Kanal que la Russie a fait connaître sa décision définitive. "Perviy Kanal considère que le refus des autorités ukrainiennes est sans fondement. C'est une tentative de l'Ukraine de politiser la compétition", a annoncé la présentatrice du journal télévisé, précisant que, dans ce contexte, "Perviy Kanal estimait qu'il n'était pas possible de diffuser l'Eurovision 2017".
Il faut dire que la situation était particulièrement complexe. Le mois dernier, au lendemain de la désignation de la candidate russe Yulia Samoylova, les services de sécurité ukrainiens avaient annoncé que celle-ci était interdite d'entrer sur le territoire, au motif qu'elle s'était produite en concert en Crimée, un territoire ukrainien annexé par la Russie, sans passer par la frontière ukrainienne. Le problème étant que les autorités ukrainiennes considèrent que tout individu qui se rend en Crimée sans passer par sa frontière et par sa douane enfreint la loi du pays, et est donc susceptible d'être interdit d'entrée en Ukraine.
Face à cette impasse géopolitique, l'UER, qui organise le concours Eurovision de la chanson, avait donc tenté une médiation entre les deux pays "dans le but d'assurer à tous les artistes de pouvoir chanter au 62e concours Eurovision de la chanson à Kiev, en mai". L'organisme avait alors suggéré deux solutions : le remplacement de Yulia Samoylova par un autre candidat ou bien que la chanteuse russe se produite en direct via satellite, depuis Moscou, pour permettre d'assurer sa participation au concours. Deux offres qui ont été vertement déclinées par la Russie.
L'UER était pourtant montée au créneau fin mars. Dans une lettre adressée au Premier ministre ukrainien Volodymyr Groïsman, la secrétaire générale de l'organisation avait menacé d'exclure l'Ukraine des futures compétitions si celle-ci persistait à empêcher la représentation de la candidate russe. Dans un communiqué publié hier suite à l'annonce de la Russie, l'UER rappelle qu'elle "condamne fortement la décision des autorités ukrainiennes d'interdire l'entrée de son territoire" à la candidate russe, considérant que cela "porte atteinte à l'intégrité" du concours. En l'absence de la Russie, ce sont donc désormais quarante-deux pays qui sont en lice pour l'édition 2017 de l'Eurovision.