Les tensions entre l'Ukraine et la Russie ne risquent pas de s'estomper. Selon l'AFP, les services de sécurité ukrainiens ont en effet tranché : Yulia Samoylova est bel et bien interdite d'entrée sur le territoire ukrainien. Cette chanteuse en fauteuil roulant devait pourtant se rendre à Kiev en mai prochain pour représenter la Russie à l'Eurovision avec la chanson "Flame Is Burning", mais le pays en a décidé autrement.
Le doute planait sur la participation de l'artiste au concours de chanson européen depuis l'annonce de sa sélection par la Russie il y a huit jours. En effet, la chanteuse s'est produite en 2015 en Crimée, territoire ukrainien annexé par la Russie, sans passer par la frontière ukrainienne. Les autorités du pays considèrent que tout individu qui se rend en Crimée sans passer par sa frontière et par sa douane enfreint la loi du pays, et est donc susceptible d'être interdit d'entrée en Ukraine.
Certains soupçonnent la Russie d'avoir volontairement choisi une chanteuse ayant chanté en Crimée pour tester l'Ukraine, qui n'aurait ainsi le choix qu'entre un assouplissement de sa loi ou l'interdiction d'entrée. Le pays a finalement opté pour la deuxième solution, endossant le mauvais rôle alors qu'elle accueille un concours qui met en avant la solidarité, l'ouverture d'esprit et des frontières.
Avant de choisir sa candidate, la Russie avait de son côté envisagé le boycott de cette édition parce qu'elle se tient en Ukraine et que le pays s'est imposé l'an dernier avec un titre à forte résonance historique et politique. "1944", interprété par la chanteuse Jamala, évoquait en effet la déportation des Tatars de Crimée par Staline.
Pour l'heure, l'UER, qui organise le concours Eurovision de la chanson, n'a pas commenté l'interdiction d'entrée en Ukraine de Yulia Samoylova. La Russie n'a pas non plus réagi. Va-t-elle pouvoir sélectionner un autre candidat ? Va-t-elle seulement envisager cette possibilité ? Ou préfèrera-t-elle boycotter le concours ? A moins de deux mois de l'Eurovision, le doute persiste encore.
Mise à jour 15h29. Dans un communiqué, l'UER a réagi à l'annonce de l'interdiction de séjour de la candidate russe en Ukraine. "Il a été confirmé à l'UER que les autorités ukrainiennes ont interdit l'artiste russe choisie pour l'Eurovision, Julia Samoylova, ayant jugé qu'elle contrevenait à la loi ukrainienne en venant chanter en Crimée. Nous respectons les lois du pays hôte, même si nous sommes profondément déçus de cette décision que nous estimons être à la fois contre l'esprit du concours et la notion d'inclusion qui sont au coeur de ses valeurs", indique l'organisation qui, malgré tout, affirme "continuer à discuter avec les autorités ukrainiennes dans le but d'assurer à tous les artistes de pouvoir chanter au 62e concours Eurovision de la chanson à Kiev, en mai".