Aucune sanction disciplinaire ne sera prononcée contre Philippe Courroye dans l'affaire dite des fadettes du Monde. Invitée de la matinale de Thomas Sotto sur Europe 1, Christiane Taubira a ainsi annoncé aujourd'hui qu'elle ne sanctionnera pas le magistrat, suivant l'avis rendu le 28 janvier dernier par le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM).
L'ancien procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye, est soupçonné d'avoir demandé illégalement à connaître en septembre 2010 les sources de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Jacques Follorou, en réquisitionnant leurs factures téléphoniques détaillées, les fameuses "fadettes". Comme l'a rappelé l'AFP aujourd'hui, Philippe Courroye cherchait alors à savoir comment les deux journalistes avaient pu apprendre, le jour même, qu'une perquisition avait été effectuée chez l'héritière du groupe L'Oréal, Liliane Bettencourt.
Dans son avis, le CSM a sévèrement critiqué l'action de Philippe Courroye dans cette affaire tout en se refusant à prendre des sanctions contre lui. "Si le conseil est d'avis (...) de ne pas infliger de sanction disciplinaire à M. Courroye, il lui est apparu au vu de l'ensemble des éléments du dossier qui lui ont été soumis, que l'intéressé (...) ne disposait pas des qualités requises pour diriger un parquet" a ainsi taclé l'instance disciplinaire.
Sur Europe 1 aujourd'hui, Christiane Taubira s'est elle-même étonnée de ce "hiatus entre l'analyse que fait le CSM de la faute d'une part, et la décision que le CSM prend de ne pas sanctionner". "C'est une décision du Conseil supérieur de la magistrature (...) je n'irai pas à l'encontre de cet avis", a-t-elle cependant expliqué, rappelant qu'elle avait déjà sanctionné Philippe Courroye en demandant, en juillet 2012, sa mutation "dans l'intérêt du service".