Ce matin, François Morel n'était pas déguisé en punk à chien et n'a pas non plus poussé la chansonnette. Cette semaine, l'ancien "Deschiens" a décidé d'utiliser sa chronique hebdomadaire, qu'il tient tous les vendredis dans la matinale de Patrick Cohen, pour rendre hommage à Hervé Gourdel, ce Français de 55 ans, féru d'alpinisme, qui a été pris en otage et assassiné en Algérie la semaine dernière, par les Soldats du Califat, un groupuscule lié aux djihadistes de l'Etat islamique.
Si l'acteur a décide de retirer sa casquette d'amuseur de service, c'est que la demande lui en a été faite pas la veuve du défunt. François Morel a expliqué avoir reçu "le mail le plus étonnant reçu depuis qu'il travaille sur France Inter" et s'est mis à le lire. "Bonsoir, je suis la compagne d'Hervé Gourdel. J'ai une requête à vous soumettre. Je souhaiterais qu'Hervé soit présent dans votre prochaine chronique. Normalement, ça ne se demande pas. Mais Hervé appréciait beaucoup vos chroniques, et je souhaiterais que ce soit une sensibilité qui s'exprime ainsi qu'une hauteur de vue", a-t-il lu en direct peu après 8h55.
"J'ai peur de ne pas en être capable. Qui je serais, moi, pour parler de quelqu'un que je ne connaissais pas et qui a rencontré l'horreur absolue ?", a gravement commenté le chroniqueur se qualifiant "d'imposture effrayée par l'actualité". "Je devrais saisir la réalité mais la réalité s'échappe, je devrais décrypter le monde mais le monde est de plus en plus incompéhensible à mes yeux", a-t-il ajouté en confiant avoir "peur de ne pas pouvoir trouver les mots".
"Il aimait la vie qui s'est arrêtée pour lui dans l'horreur, la violence absolue, les pages International de tous les journaux du monde. Depuis qu'Hervé est mort, il y a eu des manifestations, des marches silencieuses dont certaines ont tourné à la querelle de chiffonniers, comme si la mort d'un homme ne pouvait pas au moins susciter la retenue, le respect, le silence. Le silence comme seule réponse possible un peu digne", a-t-il conclu en lançant un morceau d'Ibrahim Maalouf, musicien qui a été récompensé par l'UNESCO pour "être un artiste qui ouvre le dialogue entre le monde arabe et l'occident".