De retour à la télévision après quatre ans d'absence, Frédéric Lopez n'a rien perdu de sa superbe. Après seulement quelques émissions, son "Dimanche à la campagne" est déjà devenu un succès de la rentrée de France Télévisions. Après une pause de quelques semaines, l'émission est de retour ce dimanche 25 décembre à 16h50 pour une spéciale Noël avec Gérard Jugnot, Inès Reg et Sébastien Thoen. Rencontre avec un animateur apaisé.
Propos recueillis par Benjamin Rabier
puremédias.com : Quel premier bilan tirez-vous des débuts d'"Un dimanche à la campagne" sur France 2 ?
Frédéric Lopez : Un bilan positif car j'ai la sensation que les invités sont très contents de faire l'émission. C'est même plus qu'une sensation puisqu'ils le disent à l'antenne et je les crois. On vit des moments hors du temps et les retours que l'on a des téléspectateurs sont vraiment enthousiasmants. C'est quelque chose qui réchauffe le coeur et qui donne envie de continuer parce que le public nous dit que c'est une émission inspirante. Elle fait s'apercevoir que les gens qui sont dans la lumière ont des vies qui leur ressemblent et qu'on traverse tous des choses compliquées. C'est une émission sur notre humanité partagée. Je prends beaucoup de plaisir. C'est quelque chose de très réjouissant pour moi. Et la chaîne est très contente des scores car c'est une case très difficile, si j'en crois ce qu'on m'a dit. On a réussi à doubler l'audience de la case.
Cette émission marquait votre retour à la télé après plusieurs années d'absence. Est-ce que ça rassure de voir que le public est toujours au rendez-vous?
C'est un privilège. Quand on arrête l'antenne pendant quatre ans, on accepte de prendre le risque que les gens passent à autre chose et nous oublie. Le fait que le public soit là, c'est quelque chose d'incroyable. C'est une chance. Je le prends comme quelque chose de précieux. Je me sens redevable. J'ai envie d'être à la hauteur de ce que le public m'apporte. Je ressens une sorte de responsabilité et je veux leur offrir une émission qui est légère, profonde et inspirante.
L'émission s'appuie sur la présence, le temps d'un week-end, de trois célébrités. Comment les choisissez-vous ?
On aime bien réunir des personnalités qui sont dans des univers différents. De générations différentes aussi. On adore quand ils ne se connaissent pas mais c'est très compliqué de le savoir réellement en amont. En tournant l'émission, on s'est rendu compte que quand deux personnalités sur trois se connaissaient déjà, c'était pas mal aussi car ça donnait un ton particulier. Ils étaient à l'aise tout de suite. Quand ils ne se connaissent pas du tout, la complicité met un peu plus de temps à venir. La constitution des trios est un pari et une projection. C'est quelqu'un qui travaille avec moi, Thierry Colby, qui fait la composition des plateaux. On ne sait jamais si le courant va passer entre les gens. On n'a aucune idée et c'est aussi ça, la magie de l'émission. Il y a une véritable part de risque dans chaque émission.
"'Un dimanche à la campagne' n'est pas une émission qui est faite pour tout le monde"
Les invités sont-ils au courant de l'identité des autres personnalités avec qui ils vont partager cette expérience ?
Normalement non. J'ai appris par la suite qu'il y en a eu un ou deux qui avaient su avant de participer. Parce qu'ils avaient demandé à savoir. Mon programmateur, pour ne pas les perdre, leur a dit mais, moi, je ne le savais pas. La majorité ne sait pas.
Au début, était-ce difficile de convaincre des célébrités de venir passer tout un week-end à la campagne ?
Ce n'est pas une émission qui est faite pour tout le monde. Je peux comprendre que certaines célébrités ne veulent pas se livrer, raconter des choses personnelles à ce moment donné. On est tous différents. On n'a pas tous les mêmes gouts. Je suis au courant des oui, pas des non. J'imagine qu'il y a des personnalités qui ont du refuser.
À l'inverse, maintenant que l'émission fonctionne bien, j'imagine que ça doit se bousculer pour y participer...
Oui désormais beaucoup de gens veulent la faire. D'abord, parce qu'ils ont compris que c'était une émission dans laquelle ils ne seront pas trahis. Après, ce n'est pas moi qui gère la programmation mais dans tous les cas on aime bien prendre des personnalités qui ne sont pas forcément à la mode où à 100% dans le marathon promo.
Y-a-t-il une star que vous rêveriez de recevoir ?
Je m'en fous qu'une invité ait gagné 18 César, ce qui m'intéresse c'est l'authenticité de son parcours. Honnêtement, je n'ai pas de rêve inassouvi.
Avez-vous été surpris par certaines célébrités qui sont déjà venues ?
Etonné, c'est le mot. En recevant Slimane ou Clara Luciani, je ne savais pas du tout à quel point ça avait été difficile pour eux avant le succès. Slimane avait gagné "The Voice", ça m'avait paru naturel que tout le monde se retourne sur lui. Il était à sa place. Alors qu'en réalité, pendant très longtemps, les gens ne se retournaient pas sur lui. Clara Luciani c'était compliquée aussi pour elle. Très souvent, je suis étonné par leur parcours. Et je trouve ça beau qu'ils le racontent. C'est une manière de dire aux autres : "Ne vous arrêtez pas au premier obstacle". Ce n'est pas une émission qui doit inspirer juste les gens qui veulent être artiste. Quelque soit le domaine, quand on fait quelque chose, il faut s'accrocher et s'attendre à ce que ce ne soit pas facile tout de suite.
"Ce qui me plaît chez l'humain, c'est de comprendre ce qui nous motive"
L'autre succès de l'émission, c'est cette maison. Comment l'avez-vous dénichée ?
Tout l'équipe de l'émission est partie à la recherche d'une maison isolée, sans vis-à-vis avec les voisins. On ne voulait aucune interférence avec le monde extérieur. On voulait vraiment être entre nous. C'était important pour moi qu'il y ait une petite rivière et qu'on puisse arriver en barque. C'est symbolique, l'idée qu'on laisse derrière nous notre vie pour rentrer comme ça dans l'émission. On a eu beaucoup de chance. C'est la première maison qu'on a visitée. Elle nous a plu tout de suite.
On sent à travers l'émission que c'est l'humain qui vous intéresse. Que recherchez vous réellement ?
Ce qui me plaît chez l'humain, c'est de comprendre ce qui nous motive. Comment on surmonte les périodes difficiles et aussi notre vulnérabilité. Quand on est connecté à notre vulnérabilité, on est puissant. Et quand on fait semblant d'être fort, en vérité, on est fragile. Ce qui m'intéresse également, c'est notre humanité partagée. On n'a pas vécu la même histoire mais on connait la peur, la tristesse et la joie. Nos émotions sont universelles. Ce qui m'intéresse, c'est l'universalité dans les parcours des invités.
"L'exposition ne m'a pas manqué car elle n'est pas naturelle"
Pendant votre absence, la télé vous a-t-elle manqué ?
L'exposition, non, car elle n'est pas naturelle. Ce qui m'a manqué, c'est de faire des interviews. J'adore interroger les gens. Je le fais aussi dans ma vie de tous les jours. Mener une interview, c'est un exercice que j'aime beaucoup et j'ai peut-être ressenti un manque de ça. J'ai une chance incroyable que le public soit là quatre ans plus tard car on sait que les gens peuvent nous oublier facilement.
Le succès d'"Un dimanche à la campagne" a-t-il fait naître en vous des envies de nouvelles émissions ?
Ce n'est pas du tout dans mes projets. Avant, pendant longtemps, je faisais beaucoup de choses en même temps. Il m'est arrivé d'être sur "Rendez-vous en terre inconnue" et je faisais "La Parenthèse Inattendue" mais aussi de la radio sur France Inter. Je courais dans tous les sens. Là, j'ai eu envie de revenir autrement. C'est un peu l'intérêt de vieillir. C'est qu'on apprend des trucs autrement. J'ai envie de les faire de manière beaucoup plus calme.
Qu'avez-vous ressenti au moment de céder votre place dans "Rendez-vous en terre inconnue" ?
Au début, ça a été très bizarre de lâcher prise pour quelqu'un comme moi, qui suis dans le contrôle. Mais je me suis habitué. J'aime beaucoup cette idée de les laisser, et advienne ce qui advienne ! Qu'ils me racontent leurs aventures. Aujourd'hui, ça va, mais au début c'était étrange. Surtout que l'équipe qui part est toujours la même que celle avec qui je suis parti pendant 15 ans. C'est devenu des amis très proches. C'est peut être plus. Ce que fait Raphaël de Casabianca, c'est formidable.
"Un dimanche à la campagne" revient ce 25 décembre sur France 2. A quoi va rassembler cette émission ?
On a de la chance car on a le Père Noël le plus célèbre de France, Gérard Jugnot. Mais aussi Inès Reg que je ne connaissais pas du tout et que j'ai adoré. On va découvrir que pour elle aussi, tout n'a pas été facile et qu'il s'est passé beaucoup de choses dans sa vie avant ces fameuses "paillettes". Et puis, il y a Sébastien Thoen que beaucoup ont connu sur Canal+ et maintenant dans "Les Grosses Têtes" sur RTL. On s'est fait des vrais cadeaux ensemble, on a fêté Noel. C'était très sympa. C'est une émission où on a beaucoup ri.
Quel rapport entretenez-vous avec la télévision aujourd'hui ?
Il y a tellement de chaines aujourd'hui que c'est très dur de faire une généralité. Je crois qu'il y a de tout et que si une émission existe, c'est qu'elle plaît à des gens. Moi, j'adore "The Voice" tout en regardant des documentaires sur Arte, Léa Salamé sur France 2 ou "Quotidien" sur TMC.