Des propos commentés. Lors de la conférence de presse d'Emmanuel Macron, diffusée ce mardi 16 janvier 2024 en direct et en prime time sur TF1 France 2, LCP-Public Sénat et les quatre chaînes info, Ava Djamshidi, rédactrice en chef du magazine "Elle", a rappelé au souvenir du chef de l'État, les "attitudes odieuses" de l'acteur de 75 ans "mises à jour par 'Complément d'enquête'" le 7 décembre 2023. Et de l'interroger : "Est-ce que vous comprenez l'émoi provoqué par vos propos sur la fierté que vous inspire Gérard Depardieu ?".
"Je n'ai aucun regret d'avoir défendu la présomption d'innocence pour une personnalité publique, un artiste en l'espèce, comme je l'ai fait pour des responsables politiques", a assumé le chef de l'État. Avant d'ajouter : "Si j'ai un regret à ce moment-là, c'est de ne pas avoir assez dit combien la parole des femmes qui sont victimes de ces violences est importante et combien ce combat est essentiel pour moi, et nous continuerons l'action. Mais on a agi", a-t-il martelé pour défendre son action contre les violences faites aux femmes.
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"Je me permets toutefois de dire que je me souviens d'octobre 2016", a-t-il signifié. "C'était la conclusion de ce que l'on avait appelé la grande marche. C'était le début d'une longue série de commentaires politiques où on me disait que je n'avais pas de programme (...) Je disais que la première préoccupation, ce sont les violences faites aux femmes, en particulier dans les transports. Je n'ai pas attendu #MeToo (pour m'en préoccuper, ndlr)", a-t-il rétorqué à ses détracteurs.
"Je me félicite que la parole se libère, et je souhaite qu'elle puisse se libérer au maximum. Notre rôle, c'est de permettre son cadre (...) sans oublier les principes constitutionnels qui sont les nôtres, dont la présomption d'innocence", a conclu le président de la République.
Invité de "C à vous" sur France 5 le 20 décembre 2023, Emmanuel Macron, "grand admirateur de Gérard Depardieu", avait estimé que cet "immense acteur", filmé en train de tenir des propos obscènes à l'égard de nombreuses femmes mais aussi d'une jeune fille de 12 ans, "rend fière la France", en dépit des deux plaintes pour viols, dont une non-prescrite, et de la plainte pour violences sexuelles, pour lesquelles il est mis en examen depuis 2020. "Je déteste les chasses à l'homme. Les procédures judiciaires vont faire leur chemin", avait-il complété.
Le chef de l'État avait, dans la foulée, désavoué sa ministre de la Culture de l'époque. Rima Abdul Malak avait annoncé après la diffusion de "Complément d'enquête" qu'une procédure disciplinaire avait été ouverte en vue de retirer la Légion d'honneur à Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis 2020. "Est-ce que je vais commencer à retirer la Légion d'honneur à des artistes ou à des responsables quand ils disent des choses qui me choquent ? La réponse est non. Oui, la ministre s'est avancée, un peu trop", a-t-il jugé.
Une tribune, rédigée par un collectif emmené par l'association MetooMédias et publiée dans "Le Monde" le mercredi 27 décembre 2023, avait critiqué les mots d'Emmanuel Macron. "Vous auriez pu entrer dans l'histoire comme le président ayant fait durablement avancer la cause des victimes de violences conjugales et de violences sexistes et sexuelles. A contrario, vous avez – par vos mots – validé la culture du viol au plus haut sommet de l'Etat". Outre les plaintes, l'acteur de 75 ans est visé par les témoignages de 13 femmes qui l'accusent, dans "Mediapart", d'avoir commis des violences sexuelles durant les tournages de films sortis entre 2004 et 2022. Gérard Depardieu nie fermement les accusations.