Plus de 50 personnalités du monde de la culture ont signé une tribune pour soutenir Gérard Depardieu, accusé de viols et d'agressions sexuelles. Dans ce texte, publié le soir du 25 décembre sur le site du "Figaro", les artistes dénoncent un "lynchage" contre l'acteur de 74 ans, au coeur d'un tourbillon médiatique depuis la diffusion d'un reportage choc de "Complément d'enquête".
Dans ce documentaire, diffusé le jeudi 7 décembre 2023, on peut le voir répéter des propos misogynes et obscènes à l'égard des femmes qui l'entourent lors d'une visite en Corée du Nord. "Nous ne souhaitons pas entrer dans la polémique, et laissons la Justice faire son travail", écrivent les artistes, qui demandent à ce que le principe juridique de présomption d'innocence soit respecté dans les médias. Mis en examen pour viols depuis 2020, l'interprète d'Obélix et Cyrano est également visé par deux autres plaintes pour viols en France et en Espagne. Dans une enquête publiée par "Mediapart" en avril dernier, treize femmes l'accusent de violences sexuelles et sexistes sur des tournages.
"Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma", peut-on lire dans cette tribune. "Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l'amalgame le plus complet et au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est. Lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque. Par son génie d'acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays. (...) Quoi qu'il arrive, personne ne pourra jamais effacer la trace indélébile de son oeuvre dont notre époque est à tout jamais marquée. Le reste, tout le reste, concerne la justice ; que la justice. Exclusivement."
Parmi les signataires, on retrouve les actrices Nathalie Baye, Carole Bouquet, qui avait pris sa défense dans "Quotidien", ou Charlotte Rampling, les acteurs Jacques Weber, Gérard Darmon ou Benoît Poelvoorde, l'acteur et réalisateur Yvan Attal, le réalisateur Bertrand Blier dont Gérard Depardieu est l'un des acteurs fétiches, mais aussi les chanteurs Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle ou Jacques Dutronc, ou encore l'ancienne candidate de téléréalité Afida Turner. On retrouve également l'acteur Pierre Richard, qui perd le soutien de l'association "Les Papillons" qui oeuvre contre les violences faites aux enfants. "Depuis 3 ans, Pierre Richard était à nos côtés. Mais parce que nous sommes et serons toujours du côté des victimes et parce que la tribune de soutien à Gérard Depardieu qu'il a signé est indécente, Pierre Richard n'est plus un des ambassadeurs de l'association Les Papillons", a annoncé le président et fondateur de l'organisation Laurent Boyet sur X (Twitter).
Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux d'Emmanuel Macron, qui avait également pris la défense de l'artiste dans un entretien accordé à "C à vous" sur France 5 mercredi dernier. Le président de la République, qui a confié être "un grand admirateur" de Gérard Depardieu, assurant qu'il "rend fier la France", a alors expliqué qu'il ne comptait pas retirer sa Légion d'honneur sur la base de "polémiques" et d'un "reportage".
Un reportage qu'il a par ailleurs remis en question, en évoquant une hypothèse de montage malveillant soutenue par la famille de l'acteur, ainsi que par Jacques Cardoze, ancien animateur de "Complément d'enquête", sur le plateau de "Touche pas à mon poste". Pour faire taire ces théories, France Télévisions a fait appel à un huissier de justice qui a pu "authentifier" les images diffusées dans le magazine de France 2.