Il n'y a désormais plus aucun doute. Mandaté par France Télévisions, un huissier de justice, commissaire de justice et audiencier au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation a visionné les rushs du "Complément d'enquête" consacré à Gérard Depardieu, a annoncé Franceinfo ce vendredi 22 décembre. Le huissier a notamment analysé les images provenant de deux caméras différentes, présentes dans un haras en Corée du Nord, lors d'un tournage organisé par Yann Moix pour un long-métrage qui n'a finalement jamais vu le jour. Et son constat est sans appel : dans cette séquence, Gérard Depardieu tient bien des propos obscènes à l'égard d'une petite fille d'une dizaine d'années alors que celle-ci fait du cheval. Dans ces images, qui ont choqué les téléspectateurs, on peut en effet voir l'acteur sexualiser cette mineure : "si jamais il galope elle jouit. C'est bien ma fifille, continue", peut-on notamment l'entendre dire.
Depuis la diffusion du reportage, l'authenticité de la séquence a été remise en cause par les défenseurs de Gérard Depardieu, dénonçant un montage malveillant. Une hypothèse évoquée par le président de la République en personne. Interrogé sur l'affaire dans une édition spéciale de "C à vous" tournée à l'Elysée ce mercredi, Emmanuel Macron a assuré être "un grand admirateur" de l'acteur, qu'il estime "rend fier la France". "Il y a parfois des emballements sur des propos tenus, je me méfie du contexte, j'ai compris qu'il y avait des polémiques (...) sur les mots qui étaient en décalage avec les images", a-t-il déclaré en direct. La famille de Gérard Depardieu, dont sa fille Julie Depardieu, avaient en effet publié quelques jours avant une tribune dans le JDD, dénonçant une "mise en scène" dont "l'objectif est de faire passer Gérard Depardieu pour un pédophile".
Dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter), la société des journalistes (SDJ) de France Télévisions a tenu à "exprimer son indignation suite aux propos tenus par Emmanuel Macron (...). En relayant l'hypothèse d'un 'décalage entre les mots et les images' sur une partie du reportage, Emmanuel Macron partage une 'fake news' et légitime les tentatives de déstabilisation de l'émission", écrit la SDJ.
La séquence a également été remise en question par Yann Moix. "Je suis sûr à 99% que Depardieu a tenu ces propos sur une cavalière qui n'était pas la petite fille", a-t-il assuré dans une interview accordée au "Figaro TV Magazine" ce jeudi. Le réalisateur accuse également "Complément d'enquête" de lui avoir "volé" ses rushs, ce que l'émission, ainsi que Anthony Dufour, producteur chez Hiraki, société de presse qui détient les images, contestent. Selon lui, l'écrivain aurait d'ailleurs choisi de "faire disparaître" la fille de son film sur Gérard Depardieu. "Le monteur du film, qui était aussi présent lors du voyage, se souvient parfaitement que Yann Moix a trouvé la scène trop trash. Il ne voulait pas mettre les plans avec la fillette. Elle n'existe pas du tout dans son documentaire", explique-t-il à Franceinfo.
L'hypothèse d'un montage malveillant a aussi été évoquée sur le plateau de "Touche pas à mon poste", mardi 19 décembre. En direct sur le plateau de Cyril Hanouna, Jacques Cardoze, ancien présentateur de "Complément d'enquête" devenu chroniqueur pour "TPMP", a émis des doutes sur la véracité du montage du magazine d'investigation de France 2. "Il y a une très grosse suspicion sur le montage de ce 'Complément d'Enquête' et en particulier sur la fameuse phrase concernant la petite fille !", a-t-il déclaré, se faisant le relai de la théorie de la famille de l'acteur.
Dans toute cette séquence tournée en Corée du Nord, on peut également voir le comédien de 74 ans multiplier les remarques grivoises et sexistes dirigées aux femmes qui l'accompagnent. Visé par trois plaintes pour viol et mis en examen à la suite suite de l'une de ces plaintes depuis 2020, Gérard Depardieu est accusé par treize de femmes de violences sexuelles sur de tournages.