Gilles Pélisson donne des nouvelles de la santé financière de TF1, et elles ne sont pas très bonnes. Interrogé par nos confrères du "Figaro" hier, le PDG du groupe audiovisuel privé a confirmé une fuite massive des annonceurs depuis le début du confinement. Alors que le printemps est traditionnellement une période dynamique sur le marché publicitaire télé, les bonnes audiences enregistrées par TF1 ne se transforment plus en espèces sonnantes et trébuchantes comme auparavant, mais permettent tout au mieux au groupe de communiquer.
Si Gilles Pélisson évoque un impact sur le chiffre d'affaires publicitaire "contenu" au mois de mars, il prédit en revanche qu'en avril et dans les mois qui viennent, son groupe ne devra pas se découvrir d'un fil. "Nous nous attendons à une chute d'au moins 50% pour le mois d'avril", a ainsi prévenu le patron de TF1, prédisant "la même tendance" en mai et juin. Et le PDG de mettre en garde : "Le redémarrage sera lent compte tenu du calendrier de sortie du confinement et de la capacité de l'économie à repartir. C'est pourquoi nous avons été amenés à renoncer à nos objectifs financiers sur l'année 2020". Prévisibles ou déjà connues, ces mauvaises nouvelles ont été plutôt bien accueillies par les marchés financiers sur lesquels l'action TF1 s'appréciait de 2,9% à 10h ce matin.
N'oubliant pas de se projeter dans l'avenir, Gilles Pélisson a également profité de cette prise de parole pour préconiser un certain nombre de mesures devant permettre selon lui de soutenir la reprise d'activité de son groupe. Il s'est ainsi déclaré en faveur de l'instauration "d'un crédit d'impôt" pour les "marques qui veulent continuer à investir en publicité", "comme en Italie". "Ce crédit d'impôt favorisera la relance des investissements publicitaires et donc la relance de l'économie", a justifié le patron de TF1. Cette proposition a également les faveurs de la députée LREM spécialiste de l'audiovisuel, Aurore Bergé.
Gilles Pélisson a également rappelé son souhait de voir amendé le projet de réforme de l'audiovisuel du gouvernement, actuellement suspendu à la pleine reprise de l'activité parlementaire. "La crise actuelle doit être un catalyseur pour redonner à la loi, son souffle initial et ses ambitions", a-t-il fait valoir, préconisant sans délai "une expérimentation de 6 à 12 mois pour la publicité cinéma" à la télévision, ou encore une autorisation de "la publicité segmentée", deux mesures déjà prévues sous conditions dans la future loi audiovisuelle. Ne perdant définitivement pas le nord, Gilles Pélisson a enfin convoqué l'arlésienne de la suppression de la publicité sur les antennes de France Télévisions. "C'est sans doute le bon moment pour repenser un modèle uniquement adossé à des fonds publics", a-t-il glissé.