Un film signé du réalisateur de Memento et de The Dark Knight qui, au beau milieu de l'été, affiche salles combles dans la plupart des cinémas et qui nous oblige à attendre sous une averse post-canicule coincé entre un adolescent au tee-shirt de Star Wars troué et une retraitée revêche (« Puisque je vous dis que j'étais devant vous dans la queue avant d'aller aux toilettes ! ») ? Un tel film a vraiment intérêt à tenir ses promesses. Mais inutile de faire durer plus longtemps un suspense digne d'un épisode d'Arabesque : ses promesses, Inception les tient. Et de loin.
Tout comme il l'avait fait avec Memento ou Insomnia, Christopher Nolan s'accorde des libertés avec la grammaire cinématographique et offre un block-buster au scénario non formaté, une réalisation open-bar où tout lui semble possible. Ce que Nolan veut, Nolan fait. Et nous, on suit.
Parce qu'Inception est un peu comme une oeuvre d'art contemporain : il faut accepter de ne pas tout comprendre, de se laisser guider par les images et de se laisser emporter par les sensations provoquées par le film (pourtant tourné en 2D, comme quoi). Le film nous fait voyager de Tokyo à Los Angeles en passant par Tanger et Paris... D'ailleurs, cocorico : l'une des scènes les plus incroyables se passe en France, l'explosion virtuelle d'un quartier de Paris offre - n'ayons pas peur des mots - l'une des séquences les plus réussies de l'histoire des effets visuels.
A mi-chemin entre Matrix, Ocean's Eleven et Brazil, Inception aborde l'un des sujets phares des films fantastiques : la confusion entre rêve et réalité. Un thème cher au réalisateur car il lui permet de jouer à l'infini avec son histoire. Inception est un peu comme une série de poupées russes mais qu'on commencerait à déballer par le milieu pour revenir en arrière puis passer à la fin. Un peu comme dans un rêve...
Finalement, le film n'a que les défauts de ses qualités : la grande maîtrise de la réalisation, du scénario et des effets visuels d'Inception lui confère parfois un côté un peu trop clinique, sans trop de fantaisie. Paraphrasant Michel Berger, le jury de Nouvelle Star lui reprocherait un manque de « supplément d'âme ». Mais avec quatre bleus, quand même. Au final, on sort d'Inception un peu étourdi et déboussolé. On ne comprend pas bien ce qui vient de se passer, et on ne se souvient plus de tout ce qu'on a vécu. Comme dans un rêve, on vous dit...
Cinéma
Inception : Préavis de rêve
Publié le 23 juillet 2010 à 14:08
Film aussi riche que compliqué, "Inception", le dernier né de Christophe Nolan, est à la hauteur de sa - très bonne - réputation.
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