Après le patron des programmes des chaînes OCS la semaine dernière, le secteur de la presse était à l'honneur ce mercredi dans #QHM. Le "Quart d'heure médias" de puremedias.com recevait ainsi Franck Annese, le patron du groupe So Press, qui édite notamment le bimensuel "Society" et le mensuel "So Foot". A cette occasion, Franck Annese a notamment été interrogé sur ses propos récents dans la presse, où il avait raconté comment une interview d'Emmanuel Macron pour "Society" avait tourné à la crise avec son service de presse, après que Franck Annese eut refusé la réécriture de l'interview.
"Des pressions comme cela, il y en a tout le temps", a-t-il répondu à un internaute qui l'interrogeait sur ce sujet. "Dès que tu interviewes une personnalité politique, il y a une demande de relecture. Je suis très attaché au sens des mots. Relecture veut dire relire, pas réécrire. Je n'ai rien contre le fait que la personne relise le papier avant qu'il ne paraisse. J'ai en revanche un problème s'il me dit qu'il faut le changer et le réécrire (...) Du coup, je dis non, et après, il y a une petite zone de tension", a-t-il raconté très simplement. Et d'ajouter : "Ce qui est normal. Chacun joue son rôle (...) Après, nous, on a l'article. Si on veut le publier, on le publie. C'est ce qui s'est passé pour Macron et c'est ce qui se passe à chaque fois. Et au final, la plupart du temps, ça se finit bien. Ce n'est pas le Watergate non plus", a-t-il minimisé.
"Ils ne veulent pas forcément tordre une vérité", a-t-il tenu à préciser, relancé sur le sujet. "Ils négocient des accords avec plein de médias, pour des exclusivités. Tu te retrouves à faire une interview qui était prévue courte, et qui finit longue, parce que tu arrives à avoir un peu plus de temps. Ce n'est pas parce qu'ils ne veulent pas que tu dises quelque chose de dingue, c'est juste qu'ils sont emmerdés parce qu'ils ont passé un accord avec quelqu'un d'autre. Ils se disent que si on publie l'interview, ça nique leur deal avec les autres. Ils essayent donc de t'empêcher de la publier, ou du moins de la publier comme cela", a-t-il décrypté. "C'est plus de la stratégie de communication et de la maîtrise de la parole présidentielle, que la volonté de tordre des vérités. En l'occurence, dans l'interview de Macron, il ne se disait pas de trucs incroyables. Je ne vois pas pourquoi ils nous ont cassé les couilles, mais bon...", a-t-il commenté.
Philosophe, Franck Annese a finalement ajouté : "Ce sont des jeux de pouvoir et d'influence. En faisant un magazine de société, tu sais que tu vas y être confronté. En vrai, c'est assez rigolo. Ca permet de t'énerver avec des gens avec lesquels tu ne t'énerves pas d'habitude. C'est toujours un petit moment de frisson", a-t-il expliqué. "Ils nous disent qu'on n'aura plus accès à Macron. D'une part, ce n'est pas très grave. Et de l'autre, je ne suis même pas sûr que ce soit vrai. Ils ont aussi besoin de la presse. Ils ne sont pas débiles", croit savoir Franck Annese.
Sur la possibilité d'une reprise de contact avec l'Elysée malgré cet incident, le patron de So Press s'est ainsi montré confiant : "D'une part, ce serait idiot s'il ne le faisait pas. Et puis s'ils ne le font pas, tant pis pour eux, plus que pour nous... J'arrive tout à fait à vivre sans interviewer Emmanuel Macron, ce n'est pas très grave. Il n'y a pas mort d'homme. Après, je pense qu'on aurait des questions à lui poser qui pourraient être intéressantes et qui pourraient donner une super interview. Il serait bien con de s'en passer".