A l'heure de Netflix et Amazon, quelle est la stratégie d'OCS, le bouquet payant d'Orange ? Telle est une des questions auxquelles a répondu Boris Duchesnay aujourd'hui dans #QHM, le quart d'heure médias de puremedias.com. Le patron des programmes d'OCS est ainsi venu présenter "Nu", la série évènement qui débarquera demain sur sa Pay-TV, et dans laquelle les acteurs jouent tous "à poil". Boris Duchesnay a profité de sa venue pour exposer sa stratégie en matière de création de séries "made in OCS", mais aussi évoquer les accords passés son bouquet avec HBO et Sony. Stratégiques pour lui, ces derniers lui permettent notamment de proposer en exclusivité en France des séries au succès planétaire comme "Game of Thrones", "Westworld" ou encore "The Walking Dead". Comme chaque semaine, retrouvez l'intégralité de l'entretien en vidéo ci-dessus et une sélection de ses réponses ci-dessous.
Sur le lancement de "Nu", prévu demain sur OCS :
C'est une série créée par Olivier Fox et produite par CAPA. Olivier Fox a eu cette idée suite aux attentats. Il a vu que le monde vivait en état d'urgence et il a eu cette idée de se dire qu'au nom de la sécurité à tout prix, on pourrait mettre tout le monde tout nu, afin que plus personne ne puisse rien cacher. Cela raconte une France du futur, une France dans laquelle tout est apaisé. La sécurité à outrance a payé, mais à une condition : plus personne n'a rien cacher. Vous avez à disposition sur internet les analyses sanguines de tout le monde. L'idée de cette série, c'est ça. C'est la transparence à tout prix. On avait envie, pas seulement de créer le buzz mais aussi que derrière, cela raconte quelque chose de plus intéressant, qui va plus loin et qui est très actuel.
Sur le choix de séries "disruptives" pour se différencier des autres diffuseurs
Pour "OCS Signature", notre label de création française, ce que l'on recherche, c'est vraiment l'originalité et l'audace. On est en compétition avec les plateformes mondiales et les chaînes françaises. Il faut qu'on trouve notre ton, notre originalité, et qu'on arrive à élargir les sujets. On a envie de travailler avec des gens qui ont des idées complètement folles. Avoir une série avec des gens nus, personne ne l'a fait au monde ! On était content de pousser le curseur si loin.
"Avec 20 millions d'euros par an, il y a les moyens de trouver des belles séries"
Sur la stratégie de création de séries originales, dotée de 100 millions d'euros sur 5 ans
Il y a deux choses : "OCS Signature" d'un côté, qui ne concerne que OCS. Ce sont des séries produites dans une économie calibrée, sur des sujets un peu décalés, des comédies ou des dramédies, le plus souvent avec un format de 26 minutes. Ca, on va continuer.
En plus de cela, l'initiative de Stéphane Richard (le patron d'Orange, ndlr), dont on est ravi, c'est de faire des séries plus ambitieuses, internationales et françaises, avec plutôt du format 52 minutes. Là, l'originalité- et c'est une nouvelle stratégie -, c'est que l'on va travailler en synergie totale avec Orange Studio. OCS et Orange Studio vont devoir s'accorder pour trouver des projets communs, qui seront diffusés en première fenêtre en exclusivité sur OCS, et pour lesquels Orange Studio va trouver un intérêt artistique et économique. L'idée est qu'ils détiennent des droits sur ces séries pour les vendre ensuite à l'étranger ou sur d'autres chaînes. C'est une nouvelle stratégie, plus ambitieuse, complémentaire d'"OCS Signature", au sein de l'ensemble plus large qu'on appelle Orange Content.
Sur la concurrence de Netflix et d'Amazon, dotés chacun de milliards de dollars pour la création, contre 100 millions d'euros pour OCS
C'est forcément compliqué lorsque vous annoncez les chiffres d'un Netflix ou d'un Amazon. Néanmoins, je pense qu'il est malin de ne pas démarrer trop fort et de ne pas mettre en péril le modèle économique d'OCS et d'Orange Studio. Je trouve cela plutôt malin de démarrer avec cette somme-là, qui est loin d'être négligeable ! Il y a moyen de faire des choses assez belles et de travailler avec les producteurs de manière différente (...) Effectivement, on peut toujours avoir besoin de plus d'argent. Mais je pense qu'avec 100 millions sur cinq ans, soit 20 millions d'euros par an, il y a les moyens de trouver des belles séries, de trouver des bons sujets. La preuve d'ailleurs : on reçoit quatre ou cinq projets par jour de choses excitantes. Cela prouve que les producteurs ont envie de faire des choses avec nous.
"Sur OCS, on a très envie d'avoir des séries uniquement pour nous"
Sur la possibilité de vendre en deuxième fenêtre de diffusion des séries "OCS Signature" à des chaînes gratuites
Pour être très sincère, sur OCS, on a très envie d'avoir des séries en France uniquement pour nous. C'est plutôt la tendance. Avec nos amis d'Orange Studio, c'est un débat que l'on peut avoir. Orange Studio va vouloir rentabiliser ses investissements et avoir plutôt tendance à faire des ventes en deuxième fenêtre. Je pense que cela sera possible sur des chaînes françaises. Il faut cependant voir la durée d'exclusivité que l'on peut conserver. C'est très important d'avoir une durée minimum d'exclusivité pour donner envie aux gens de s'abonner. Si les gens peuvent se dire qu'un an plus tard, la série sera disponible sur une chaîne gratuite, ça peut être compliqué pour nous. Par ailleurs, Orange Studio pourra aussi vendre ces séries-là à l'étranger. Ca, c'est un vrai marché sur lequel nous ne sommes pas pour l'instant. C'est le modèle qui est le plus intéressant : qu'Orange Studio puisse co-produire et distribuer des séries à étranger et faire en sorte qu'en France, OCS garde ses séries originales.
Sur le nombre d'abonnés à OCS
On tutoie les 3 millions d'abonnés, ce qui est plutôt très bien quand on voit la concurrence incroyable sur ce marché. OCS va plutôt bien. La stratégie d'hyper-distribution lancée depuis 2012 fait que OCS est présent sur toutes les plateformes, mais aussi en OTT. On essaye de s'adresser à tous les publics, jeunes comme plus âgés, avec un modèle hybride composé de linéaire et de SVOD (...) Ce modèle hybride marche bien et a fait ses preuves.
Sur le fait que les abonnés Orange soient désormais minoritaires dans le parc d'abonnés d'OCS
Orange reste notre maison mère et notre mère nourricière. Il est important pour nous qu'Orange soit content d'OCS et ait envie de le porter. La réalité du marché fait qu'il y a une hyper-distribution. Cette dernière fait que le gros de nos abonnés est plutôt sur d'autres plateformes, et notamment celle de Canalsat. Le groupe Canal est un vrai partenaire industriel, notamment sur la distribution d'OCS. Il n'est pas question d'opposer Orange et Canalsat. Il se trouve que Canalsat a plus d'abonnés OCS. On en est ravi et on a très envie qu'Orange pousse encore plus la logique d'OCS pour avoir encore plus d'abonnés sur Orange. Je pense qu'ils ne sont pas encore au bout du chemin sur le fait de nous vendre. On en a encore sous le pied à mon avis. Je pense que grâce à ces deux grands distributeurs, Orange et Canalsat, on peut encore aller plus loin que les 3 millions d'abonnés actuels.
"Le point d'équilibre n'est pas encore atteint"
Sur le délai avant d'atteindre l'équilibre financier
J'ai bon espoir. Je ne peux pas vous dire précisément quand. Le point d'équilibre n'est pas encore atteint. Chez Orange, nous avons une gestion assez prudente des investissements et de la manière dont on travaille stratégiquement. Je suis assez confiant sur le fait que le point d'équilibre soit joint assez vite, et surtout sur le fait qu'on va grandir encore plus et avoir encore plus d'abonnés.
Sur l'audience de "Game of Thrones" sur OCS
Je ne peux pas vous donner de chiffres. Malheureusement, nous ne communiquons pas là-dessus. Je pense qu'un abonné sur deux chez nous regarde "Game of Thrones". C'est vraiment énorme ! C'est le produit d'appel d'OCS. C'est en plus un cercle vertueux. Non seulement la saison en cours de diffusion est consommée de manière hyper-importante sur OCS, mais les saisons précédentes, dont on a aussi les droits, sont aussi ultra-consommées.
"Le rapprochement avec Altice Studio reste à l'état de rumeur"
Sur la stratégie d'OCS en matière d'output deals, après les sorties de ceux signés avec MGM et Warner
Nous avons un service basé sur le cinéma et les séries, disponible en linéaire et SVOD, mais aussi hybride dans la récence des films. C'est un mélange de films inédits, récents, avec aussi une promesse de films de catalogue. On va dénicher des petites perles et on va créer une programmation thématique autour de cela. On veut trouver cet équilibre-là. On estime que notre équilibre se trouve avec des films récents de chez Sony et les séries inédites de chez HBO. Le reste des films qu'on a, ce sont des acquisitions faites au coup par coup à des distributeurs indépendants. On veut trouver un mix entre films récents qu'on pré-achète ou que l'on a via Sony, et puis des films de catalogue.
Sur le risque de dépendance à HBO pour OCS
HBO façonne et a façonné notre ADN. On est très fier de ce deal avec HBO (...) En dehors de HBO, on achète aussi des séries à d'autres distributeurs, pour montrer qu'on n'est pas que dépendant de HBO. C'est le cas de "The Walking Dead" diffusée sur AMC, de "The Handmaid's Tale" achetée à MGM, de "Légion" ou "Atlanta", deux séries FXqui sont des hits incroyables pour nous, ou encore de "Preacher", qui arrive au mois de juin et qui est une série d'AMC vendue par Sony. On essaye de donner une offre pléthorique de séries, dont on estime qu'elles ont un peu l'ADN HBO : des séries de Pay-TV, originales, ambitieuses. On pense qu'elles donnent le ton d'OCS. On estime ce ton un peu différent de ce que font Canal, Arte ou d'autres chaînes françaises.
Sur la rumeur de rapprochement avec Altice Studio
Ca reste à l'état de rumeur. Orange discute tout le temps avec plein de partenaires dont Altice, Canalsat et d'autres. Ca reste à l'état de rumeur. Je ne peux pas vous en dire plus.