L'affaire Mohamed Merah continue de faire couler beaucoup d'encre. A l'occasion de la sortie du film "Marsupilami", Jamel Debbouze, qui connaît bien les banlieues pour y avoir vécu, s'est exprimé sur ce sujet dans une interview au site LeSoir.be. "C'est terrible ce qu'on est en train de faire avec cette histoire de Toulouse. Au lieu de dire que Mohamed Merah est un marginal, que son acte est un acte isolé, on lui donne une idéologie qu'il n'avait pas au départ" explique-t-il, agacé que les candidats se servent de ce fait divers tragique pour alimenter le débat de la campagne présidentielle, "une récupération terrible."
"Je les connais les Mohamed Merah, il y en a plein des Mohamed Merah mais qui ne deviennent pas des Mohamed Merah. Là, on est en train de mettre dans la tête de jeunes qui ont le potentiel de Mohamed Merah de devenir des Mohamed Merah. Car, d'un coup, ce Mohamed Merah a défié le Raid tout entier" lance-t-il comme un avertissement à la classe politique et la presse, qui a largement couvert ce sujet depuis presque quinze jours.
Jamel Debbouze craint que pour certains "imbéciles", Mohamed Merah devienne "une sorte de héros", notamment après son enterrement. A cette inquiétude, Maurice Charrier, maire de Vaulx-en-Velin entre 1985 et 2009 où le jeune terroriste du GIA Khaled Kelkal a été tué en 1995 dans des circonstances similaires, y répond. "Il n'y a jamais eu d'identification, de culte de Kelkal, comme certains le redoutaient à l'époque, explique-t-il dans Le Monde. Il y a eu une charge émotionnelle sur l'instant mais pas de suite. Les jeunes sont revenus à leur principale préoccupation : trouver du travail." Pour Jamel Debbouze, "n'importe quel frustré est un malade potentiel (...) n'importe qui peut basculer." Puis le comédien conclut : "Je me demande d'ailleurs comment le monde reste aussi équilibré. Les gens devraient être encore plus fous que ça. Mais ça va, ça tient pour des raisons qui nous échappent."