J-4 avant la grande finale de l'Eurovision. Samedi soir, 26 pays s'affronteront pour tenter de remporter le grand concours européen de la chanson lors d'un show retransmis en direct sur France 2 et RFM. Mais cette année, France Télévisions a décidé de donner plus de place au concours sur ses antennes. Ce soir et jeudi, à 20h55, France 4 diffusera ainsi les deux demi-finales de l'Eurovision, et la chaîne a fait appel à Marianne James et Jarry pour les commenter en direct de Stockholm. A quelques heures de la première demi-finale, Jarry a répondu aux questions de puremedias.com.
Propos recueillis par Charles Decant.
Comment vous êtes-vous retrouvé aux commentaires de l'Eurovision ?
J'étais chez moi et France 4 m'a appelé. Ils m'ont demandé ce que je pensais de l'Eurovision et j'ai répondu que je trouvais ça ultra has been. Leur deuxième question, ça a été "On a pensé à toi pour l'Eurovision". Je leur ai dit "C'est une blague ? Il y a un truc has been et vous pensez à moi ?". Mais ils m'ont expliqué qu'ils avaient envie de faire un duo avec un peu plus d'humeur, pas juste un passe-plat d'infos. L'année dernière, pendant la finale de l'Eurovision, j'avais fait 183 tweets. J'avais vraiment démonté les candidats. Et ils m'ont dit "C'est ça qu'on veut !". La vérité et la réalité voudront que ce n'était pas du tout ça qu'ils attendaient (Rires) Mais du coup j'ai accepté. C'est un peu extraterrestre pour moi d'être ici.
Vous connaissiez déjà Marianne James ?
Je la connaissais déjà depuis deux ans, donc ça a été aussi un déclencheur qui fait que j'ai accepté parce que je savais que j'allais rigoler. Et puis je trouve que c'est important que l'Europe soit plus soudée qu'avant et qu'on soit fier de ce qu'on fait. Le mot fier prend un autre sens à l'Eurovision.
Pourquoi ?
Parce que tu es fier de te dire qu'on est capable de se retrouver pour s'amuser ensemble, mais après tu n'es pas forcément fier de toutes les prestations. Il y a quand même des trucs... La Bosnie Herzégovine, par exemple, avec les barbelés, les costumes... Là, t'es dans les années 70, avec de la minauderie à outrance, c'est-à-dire tout ce que tu adores faire quand tu commences le théâtre : minauder, en faire des tonnes, mettre la robe la plus grande et la plus moche, avec des couleurs improbables. Ca, ça me fait rire parce que je le prends comme ça. Mais quelqu'un qui allume sa télé et qui tombe là-dessus, il se dit "What the fuck? Ils rediffusent un documentaire sur les années 70 ?" J'aime bien ça. Et à côté de ça, il y a une technicité sur scène, des écrans de dingue... Chaque émission coûte 6 millions d'euros. Quand tu sais que les NRJ Music Awards coûtent 600.000 euros... On est dans une autre dimension en termes de moyens !
Donc vous regardiez l'Eurovision avant ?
Oui, parfois. J'aimais bien dire à mes potes "Venez à la maison, on va grignoter, boire des coups et on va rigoler. Mais ça devient de moins en moins drôle parce que c'est de plus en plus professionnel. Avant, tu avais vraiment des cassos. Quand nous, en France, on a fait ce choix du groupe Twin Twin avec le titre "Moustache". C'est juste une blague : même bourré, tu ne vas pas aussi loin dans le délire ! Tu as de moins en moins ça. Ils ou elles arrivent avec des voix de fou, trois ou quatre tonalités chacun...
Vous avez un humour assez cash : il doit y avoir des choses que vous ne pouvez pas ou ne voulez pas dire à l'antenne de France 4 ?
Ah oui ! Je ne peux pas dire 80% de ce que j'aurais envie de dire. Même si ce ne sont pas des choses pour me moquer. La télé te laisse très peu le champ... Moi, ce que j'aime bien faire, c'est de l'humour comme si j'étais entre potes. Mais tu ne peux pas trop faire ça. On pense toujours que le téléspectateur derrière sa télé va être choqué, alors que souvent pas du tout. Le téléspectateur est beaucoup plus intelligent que tout ce qu'on essaie de nous faire croire, et j'en ai la preuve depuis tellement d'années parce que quand j'ai commencé à faire de la télé, les gens disaient "Il est trop cash, il est trop machin" et en fait, pas du tout. Les gens qui viennent me voir dans ma salle, c'est vraiment les ménagères. Ce n'est pas ce qu'on dit qui est important, c'est ce qu'on met dans le fond qui va faire la différence. Je suis amour, joie et partage sur ces émissions. Mais je balance un peu quand même !
Comme vous vous en êtes rendu compte depuis votre arrivée ici, il y a des gens qui prennent ça hyper au sérieux. Donc il faut trouver un équilibre entre le recul nécessaire et le respect pour les fans et les artistes, qui travaillent depuis des mois sur leur prestation...
Je les respecte parce que je sais ce que c'est de faire une prestation dans une grande salle, en direct à la télévision. Je sais à quel point c'est stressant, je sais le prix du travail. Mais quand je me moque, que je taquine, c'est peut-être pour dédramatiser la réalité, pour la rendre moins grave. C'est tellement important pour certains pays, j'en ai conscience, mais rien n'est grave dans la vie. Même quand c'est catastrophique, c'est quand même méritant et c'est quand même génial ! J'ai envie de valoriser ça. Mais on ne peut pas dire non plus que c'est extraordinaire juste pour dire que c'est extraordinaire. A un moment, il faut accepter la critique. Elle peut être dédramatisante, distancée, humoristique. Et puis ça va, ce n'est qu'un avis sur 200 millions de téléspectateurs. Et en ce qui concerne les ultra-fans, si je suis ici, c'est que je considère que c'est quelque chose d'important. Ce que je dis, c'est pour faire le show. Si je pensais vraiment que c'était de la merde, je ne serais pas venu !
Vous avez vu la répétition de la première demi-finale hier, que vous avez même commentée pour France 4 - elle sert de bande de secours en cas de souci ce soir. Qu'en avez-vous pensé ?
Je trouve qu'il y a beaucoup de choses qui se ressemblent. Je m'attendais à beaucoup plus d'écart entre les chansons, dans les styles, dans l'émotion... C'est tellement énorme que par moments, la technique est plus forte que l'émotion. Et moi, ce que j'aime, c'est être touché, être impressionné, être ému. Les écrans sont tellement magiques que je vois moins ça. Du coup, Amir, qui n'a pas forcément cette structure derrière lui, on est plus sur son émotion, sa joie de vivre, et ça j'aime bien. J'aime bien aussi quand c'est infiniment petit, parce qu'on peut faire de grandes choses dans des tout petits détails.
Il n'y a pas trop ça dans la première demi-finale...
Non, tout est grand, c'est des images derrière énormes, il y a du feu, du jet de CO2...
Qui sont vos favoris parmi ceux que vous avez vus hier ?
J'ai deux coups de coeur : j'ai beaucoup aimé l'Azerbaidjan parce que je trouve qu'elle a quelque chose quand même. Petite bichette. Et elle a un justaucorps tellement laid qu'il faut quand même qu'on l'aide ! Et puis j'aime beaucoup l'Autriche qui chante en français. Etonnamment, la salle était complètement emballée hier. Le pied de nez magique que j'aimerais en secret, c'est qu'elle gagne avec une chanson en français, afin de répondre à toutes ces mauvaises langues qui disent qu'on ne peut pas gagner en français. Parce que le français, c'est la deuxième langue officielle de l'Eurovision !
Et parmi les favoris de l'édition 2016 ?
Dans les premiers, on retrouvera l'Australie, la Russie, la France, l'Espagne et je pense l'Azerbaidjan. Je pense que ça sera les cinq premiers.
Qu'est-ce que vous pensez spécifiquement des chances d'Amir ?
Ce n'est pas parce qu'il est Français mais je trouve que c'est l'artiste le plus humain ici. Il parle avec tout le monde, et ce n'est pas forcément le cas des autres même si c'est très familial, l'Eurovision. Amir est tellement content d'être là qu'il est encore dans la passion et pas dans la performance. Il est habité par ce qu'il fait, encore en insécurité parce qu'il ne maîtrise pas l'exercice à 100% et du coup, c'est intéressant de le voir scéniquement. C'est l'enfant de l'Eurovision dans le sens où il est franco-israélien donc il a plusieurs origines, plusieurs cultures, plusieurs religions, donc il est habité déjà. J'espère que les gens vont voter pour lui dans les autres pays, et qu'on ne va pas jouer la solidarité entre pays pour la énième fois.
Vous faites partie de la bande de la nouvelle émission d'Arthur, "L'Hebdo Show". Vous avez prévu quelque chose pour l'émission ?
Oui ! Arthur m'a lancé un défi ! Il m'a demandé de placer huit mots ce soir dans la finale, dces mots comme procrastination, courgette, parquet flottant, couscous... Et nous ferons un Skype jeudi pendant l'enregistrement de l'émission d'Arthur pour voir si j'ai bien rempli ma mission.
Vous avez d'autres projets avec Arthur ?
Oui. Là j'ai signé un contrat d'exclusivité avec lui pour deux ans. Ensemble, on va travailler sur des émissions dans lesquelles je serai artiste à la présentation. Je dis bien artiste parce que je n'ai pas envie d'être dans l'animation. J'ai envie d'être dans l'artistique.
Le passage de choniqueur ou invité à celui d'artiste-animateur ne vous fait pas peur ?
Pas du tout. Ca m'amuse. J'ai envie de faire du show à la télé ! J'en ai marre de ce truc assis autour d'une table, j'ai envie de faire du show, de la performance, c'est ça que j'aime !